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LES SOUVENIRS
DU
MEDECIN DE LA REINE VICTORIA

III.
LE PRINCE LEOPOLD ET LE COMTE CAPODISTRIAS.[1]

I

La mort de la reine Caroline ne changea rien à la situation de la famille royale d’Angleterre. Lorsque le prince régent, dès la mort de la princesse Charlotte, deux années avant de devenir le roi George IV, institua contre sa femme un tribunal occulte chargé d’une enquête meurtrière, on pouvait attribuer cette promptitude d’action au désir de provoquer un divorce qui lui permettrait de contracter un autre mariage. Il était naturel qu’il se préoccupât d’assurer la succession au trône en ligne directe, à l’heure où l’unique héritière de cette ligne venait d’être enlevée aux espérances du pays. N’était-ce pas le même sentiment qui décidait ses frères, le duc de Cambridge, le duc de Clarence, le duc de Kent, à se marier si vite et presque en même temps, quelques mois après la fatale nuit du 6 novembre 1817 ? Le prince régent trouvait son compte à laisser ce bruit s’accréditer ; il cachait ainsi l’ardeur de sa haine

  1. Voyez la Revue du 1er janvier et du 1er février.