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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 mars 1876.

Peu à peu, par degrés, cette grande machine de l’organisation constitutionnelle de la France prend son équilibre et commence à s’ébranler. Elle n’en est pas encore sans doute à fonctionner avec la simple et forte régularité des pouvoirs dès longtemps établis : ce n’est peut-être pas même sans quelque embarras et sans un certain effort qu’elle se met en mouvement ; avais enfin, si la machine n’est pas encore bien lancée, elle est à peu près en marche.

Le sénat s’est constitué et il n’a pas eu de peine à trouver le meilleur président : il a choisi M. le duc d’Audiffret-Pasquier ; qui a dû à une élection exceptionnelle d’être le premier sénateur inamovible de la nouvelle république française. La chambre des députés, elle aussi, avait en se constituant son candidat naturel, M. Jules Grévy, qu’au vote à peu près unanime a fait président. M. le maréchal de Mac-Mahon, de son côté, est allé reprendre sa résidence à Versailles, et les trois présidens ont échangé les visites d’étiquette, ils ont fait officiellement connaissance : c’est la première entrevue des pouvoirs constitués. Le ministère, à son tour, a inauguré sa carrière en allant porter aux deux chambres les déclarations qui résument sa politique, la politique de la situation nouvelle, et M. le ministre de l’antérieur, une fois nommé sénateur, a pu se mettre à son travail d’épuration ou de révision administrative par l’élimination ou le déplacement d’un certain nombre de préfets. Les partis eux-mêmes enfin, après un moment de confusion, ont commencé à se reconnaître et à se grouper. Le centre gauche s’est constitué, la gauche s’est constituée ; l’extrême gauche, qui s’appelle aussi l’union républicaine, a seule décidé jusqu’ici qu’elle ne se constituerait pas, qu’elle ne formerait pas un groupe distinct. M. Gambetta rêve toujours les « réunions plénières, » la fusion de toutes les fractions de la majorité dans un grand amalgame dont il doit prendre le commandement, et il ne s’aperçoit pas que sa diplomatie commence à s’user, que, si tous ces députés nouveaux qui arrivent à la vie parlementaire sont