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portent. On connaît la foustanelle, sorte de jupon de coton blanc aux mille plis, serré à la taille, c’est la seule partie de l’habillement qui soit la même pour tous ; elle ne supporte aucun ornement, et il serait impossible de distinguer la foustanelle d’un palikare de celle d’un paysan. La ceinture seule, toujours en soie, est plus ou moins large ou longue, ou brodée d’or. Le gilet, droit ou croisé, est en velours noir ou en soie de différentes couleurs, orné de boutons ronds en rapport avec l’étoffe et brodé de toutes les variétés possibles de soutaches. Une veste fort courte, arrondie aux coins, découvre le devant du gilet, et tantôt, — dans les costumes de gala, — laisse le cou libre, tantôt s’attache par un double bouton. La veste est la plus riche partie du costume ; les côtés et le dos sont couverts de broderies de soie, d’argent ou d’or entremêlés. Quelques riches personnages en portent dont l’étoffe est absolument cachée sous les galons et les passementeries d’or ; un pareil costume coûte 2,000 drachmes (environ 1,800 francs). De longues manches ouvertes, également brodées, pendent le long du bras, laissant à découvert la soie de la chemise. Les guêtres tombant sur un brodequin verni, et montant un peu au-dessus du genou jusqu’au caleçon de soie, sont de la même étoffe que la veste, avec les mêmes broderies ; on les serre au-dessous du genou par des jarretières de soie qui sont presque toujours de petits chefs-d’œuvre de travail et de finesse. La coiffure est pour tous la même, c’est le fez ; elle ne varie que par îa richesse du gland, qui est en soie noire ou bleue, ou en or, attaché quelquefois par une agrafe de diamans.

Les paysans portent un costume différent, mais non moins original. La veste, le gilet, les guêtres ou scaltsès sont en flanelle blanche brodée de soie rouge et bleue. Au lieu de bottes vernies, ils portent la vraie chaussure grecque, les tsarouchia, sorte de souliers à la poulaine, en cuir de Russie, piqués de soies jaunes, rouges ou bleues, et terminés au bout et sur les côtés par trois touffes de soie aux couleurs de la piqûre. Ils ont toujours une ceinture (shilaki), également en cuir de Russie, très large sur le devant, et divisée en plusieurs poches dans lesquelles ils passent de longs poignards, des pistolets à pierre, et toutes les armes qu’ils possèdent ; ils y suspendent en outre des munitions et leur nécessaire de fumeur. Les bras sont nus sous les manches ouvertes de la chemise et de la veste, et souvent , au lieu du fez, ils adoptent pour coiffure un mouchoir de soie. En hiver, ils ont un gros manteau court en laine grise épaisse, à longs poils, et grossièrement brodé de passementeries de couleur.

Les costumes des femmes à la ville n’ont été conservés que par un petit nombre ; on les a sacrifiés aux modes de Paris, et ceux qu’on voit encore à Aigion sont fort laids. Ils se composent d’une jupe de