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France, mais tousjours ses forces s’aprestent et beaucoup ont opinion qui (qu’il) regarde ce que vous ferez et le chemin que prendres à votre retour pour empescher s’il peut vostre passage, mais je sais que le sieur de Buzenval vous avertit plus particulièrement de telles aflayres et du bon chemin où sont celles pour lesquelles l’avez layssé. Ces gens ici feront pour vous plus qu’ils ne feroyent pour personne du monde pour la bonne odeur qu’ils ont prise de vous à votre passage. »

La nouvelle de la prise de Chartres était fausse, car le 19 avril elle écrit à Turenne : « Je vous diray que de Dyepe (Dieppe) on m’escrit du 16 de ce mois que ceux qui venoyent de Chartres assuroyent avoir veu les ostages que ceus de dedans avoyent envoyes au roy, avec promesse de lui rendre la ville sy dans le dit jour du 16 ils n’avoyent secours : mon beau-fils est party aujourd’huy dicy en intention d’estre bien tost aux champs et faire parler de luy cest été, je ne vous puis dyr combien il se sent heureus et honoré de vous avoir veu et de l’asurance que luy aves donnée que vous l’aymes, il m’a parlé du fait de son petit frère (le jeune fils de Louise de Coligny) et m’a promis qu’il ne manquerait point à la promesse qu’il vous a fayte, de quoi j’ay tiré une lettre de luy qu’il a escrite au roy pour responce à celle dont sa majesté l’a honoré. » Sous cette garantie, la princesse annonce à Turenne qu’elle a promis au prince Maurice d’aller en Hollande suivant ses désirs. La promesse dont il est ici question est révélée dans les lignes suivantes : « Je luy disais (au prince Maurice) que je ne pensais pas que le roy mandast son frère jusqu’à ce que soyes auprès de lui. » Ainsi Henri IV demandait qu’on lui envoyât le jeune fils de Guillaume le Taciturne, et le prince Maurice semblait résigné à cette séparation.

À ce moment, la princesse dit qu’elle n’a encore reçu qu’une lettre de Turenne, depuis que celui-ci a quitté Utrecht ; elle ne sait qu’indirectement qu’il était arrivé à Francfort en bonne santé. Elle avait promis à Turenne de lui écrire toutes les semaines ; malheureusement toutes ses lettres n’ont pas été conservées. A la fin de mai, elle lui donne des nouvelles de M. du Plessis, qui était à La Rochelle et qui s’apprêtait à rejoindre le roi. Son beau-fils, le prince Maurice, était parti de La Haye pour se mettre en campagne avec de belles troupes ; le duc de Parme ne remuait point encore.


« Ma cousine d’Andelot est partie depuis quatre jours, sa présence m’a fait couler icy deux mois beaucoup plus doucement que je ne l’eusse fait, mais à cest heure je racheteré, s’ay-je peur, d’une longue pénitence la joie et le contentement de deux mois d’une cousine et de huit jours d’un cousin, c’est le seul auquel depuis sept ans j’ay participé.