Voilà donc la grande et souveraine question tranchée. La France, comme on dit, a parlé, non plus seulement par l’élection du sénat, mais encore par l’élection de la chambre des députés, non plus par un vote de délégation savamment combiné, mais par le suffrage universel et direct, allant droit au but, soufflant où il veut, jetant brusquement dans la politique le poids de ses millions de voix.
Le scrutin du 20 février accentue et dépasse le scrutin du 30 janvier. Il n’est pas encore complet, il est vrai : plus de cent ballotages sont nécessaires, et jusqu’au 5 mars, jour où l’élection se terminera, la lutte reste engagée, les chances peuvent varier ; mais dès ce moment le résultat général, qui ne peut plus être sensiblement modifié, ce résultat est significatif, et, sans être absolument imprévu, il a éclaté presque comme un coup de foudre, ou comme la révélation soudaine, bruyante, d’une situation nouvelle. Point de méprise possible. C’est la victoire des républicains de toutes nuances ; c’est surtout la défaite de l’ancienne majorité de l’assemblée, des partis qui ont cru pouvoir se rallier sous ce drapeau équivoque de l’union conservatrice, et, comme pour se mieux caractériser par un nom, cette défaite s’est résumée particulièrement dans les échecs multipliés de M. Buffet, qui, malgré sa position de vice-président du conseil, est allé se faire battre un peu partout, au nord et au midi. Vaincu au sein même de l’assemblée dans le choix des sénateurs inamovibles, vaincu dans les élections sénatoriales, vaincu dans les élections des députés, M. Buffet s’est trouvé au dernier moment représenter toutes les déceptions d’une politique en présence d’une majorité nouvelle sortie tout à coup du scrutin du 20 février. Maintenant qu’est-ce à dire ? Nous voilà placés du soir au lendemain entre ceux qui se figurent que tout est perdu, parce qu’ils ont été mis en déroute, parce que la république, qui est dans la constitution, n’a pas été désavouée