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un seul sujet, mais plusieurs. Les sujets sculptés sur les côtés ne sont pas bien difficiles à reconnaître, c’est d’une part la Samaritaine et Jésus, de l’autre le petit Zachée juché sur son arbre pour contempler plus à son aise l’entrée dans Jérusalem; mais il n’en est pas de même des sujets sculptés sur la face principale, qui provoquent singulièrement la recherche. A l’une des extrémités, deux hommes contemplent et touchent du doigt un arbre de petite taille; un homme vers lequel deux enfans semblent courir leur succède. A l’autre, plusieurs personnages s’avancent vers une sorte de temple égyptien ouvert, d’où sort toute droite une momie de la taille d’une poupée emmaillottée de bandelettes. En reculant on rencontre ensuite une femme agenouillée devant un des personnages, et enfin le centre de cette composition multiple est occupé par une femme présentée de face, richement parée, les bras étendus en signe d’admiration vaincue. Il n’est possible de déterminer en toute certitude que les deux sujets placés aux extrémités; l’arbre et les deux hommes qui l’approchent figurent la parabole du figuier stérile qui ne portant pas de fruits doit être coupé et jeté au feu; la poupée emmaillottée de bandelettes à l’extrémité opposée figure assez clairement la résurrection de Lazare, et cependant ce n’est pas sans longs tâtonnemens qu’on est arrivé à déterminer le sens de cette scène, où, par une erreur assez plaisante, Legrand d’Aussy, à la fin du dernier siècle, voulait voir une scène d’initiation aux mystères d’Isis. Quant aux autres épisodes, les érudits dissertent encore à leur égard et disserteront longtemps. Probablement il faut voir dans l’un de ces épisodes une figure du sinite parvulos ventre ad me, et peut-être dans un autre une allusion au miracle opéré sur la fille de Jaïre; mais quelle est la femme aux riches atours qui occupe le centre? Beaucoup ont voulu y voir un symbole de l’âme humaine rachetée et dotée de l’immortalité, hypothèse qui n’est pas inadmissible, car elle s’accorderait assez bien avec la pensée générale qu’expriment ces sculptures, mais qui est cependant un peu en désharmonie pour la forme avec les autres sujets, en ce sens que tous les autres sont historiques, étant pris dans les textes mêmes de l’Écriture, tandis que celui-là serait purement métaphysique et abstrait. Pour moi, si j’osais émettre une hypothèse, je serais tenté de ne voir qu’un seul épisode dans toute celle moitié de la face du sarcophage, et de reconnaître dans la femme du centre Marie la contemplative, et dans la femme agenouillée Marthe sa sœur. Maintenant, puisqu’il n’y a pas dans ces sculptures unité de sujet, il faut de toute nécessité que cette unité se rencontre dans la pensée morale qui rattache les uns aux autres ces divers épisodes. Cette pensée qui se laisse lire assez couramment, c’est une glorification de la vie