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Dollfus-Ausset. Les Russes ont des postes d’observation à des altitudes considérables dans le Caucase, les Anglais en ont établi dans les monts Himalaya. Les Américains en ont plusieurs à des niveaux fort élevés ; il suffit de citer le poste de Pike’s Peak, dans le Colorado, qui se trouve à 4,340 mètres au-dessus de la mer, — ceux du Mont-Washington, dans le New-Hampshire, du Mont-Mitchell, dans la Caroline du Nord, de la ville de Santa-Fé, dans le Nouveau-Mexique, situés tous à des altitudes d’environ 2,000 mètres.

La plupart de ces stations sont établies dans des cols de montagnes et abritées au moins d’un côté contre les vents. On a choisi ces emplacemens à cause de la facilité d’accès, souvent aussi pour des raisons d’économie, parce qu’il y existait déjà des maisons de refuge où il était possible de s’installer à peu de frais. Malheureusement on n’a ainsi qu’un horizon très limité et l’on se trouve gêné par les sommets voisins. Or on sait combien des collines de faible hauteur ou même un simple mouvement de terrain dominant un observatoire peuvent modifier les élémens météorologiques. Les cols présentent donc des conditions tout à fait anormales ; la température, le mouvement de l’air, la formation et la précipitation des brouillards, y sont influencés par les circonstances locales, par la radiation des murs de rochers voisins, par la déviation des courans qui s’engouffrent dans les défilés. Les observatoires de montagne devraient être placés sur des sommets isolés ; encore faut-il que l’abord n’en soit point trop difficile.

Deux points surtout, en France, avaient paru depuis longtemps propres à l’établissement d’observatoires météorologiques de ce genre : ce sont deux sommets isolés qui commandent chacun un vaste horizon, — le Puy-de-Dôme et le Pic-du-Midi de Bigorre. Le Puy-de-Dôme est merveilleusement situé comme échauguette destinée à surveiller le pays. Sur d’autres montagnes plus hautes, on peut avoir d’admirables vues, mais non un tour d’horizon complètement dégagé comme du sommet de ce puy, avec les volcans éteints de l’Auvergne rangés en file sur 8 ou 10 lieues de longueur et dominés de haut par la cime du puy. Du sommet du Puy-de-Dôme, dont l’altitude est de 1,463 mètres, le regard embrasse un splendide panorama : au sud-ouest apparaît le massif du Mont-Dore ; vers l’est, mais plus loin, on découvre les montagnes du Forez ; à l’ouest, ce sont les vallées de la Creuse et de la Corrèze, au nord la fertile Limagne aux vingt villes.

On sait que la chaîne des puys, qui prend pied sur le plateau granitique de Clermont, se compose d’une série de cônes isolés qui dépassent le plateau de 100 à 300 mètres, et qui sont alignés à peu près du nord au sud. Chacun de ces cônes, excepté le plus élevé,