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science pratique, à longues visées. En élargissant son horizon pour embrasser à la fois de vastes étendues de pays, elle a compris qu’elle pouvait désormais aborder la recherche des lois générales qui régissent le cours changeant des phénomènes, et que la connaissance de ces lois conduirait bientôt à prévoir l’avenir. Un vaste réseau d’observateurs couvre aujourd’hui la surface de la France ; attentifs à tout ce qui se passe dans le ciel, ils accumulent des notes et des chiffres qui, réunis et groupés méthodiquement, constituent les archives du temps et préparent une mine inépuisable de données pour ceux qui entreprendront de discuter ces matériaux. Les États-Unis à leur tour ont résolument attaqué le problème en organisant sur une grande échelle les observations simultanées ; en 1872, ils consacraient à la météorologie un budget de 300,000 dollars (1,500,000 fr.), dont le chiffre élevé prouve assez l’importance que ce peuple pratique attache à cette branche des sciences physiques, La plupart des nations d’ailleurs entrent avec plus ou moins de succès dans la voie nouvelle, et les stations se multiplient à vue d’œil. Or tous les hommes compétens sont d’accord sur l’utilité des stations de montagne pour l’étude des phénomènes aériens. L’établissement d’observatoires météorologiques sur les hauteurs est considéré comme un desideratum pressant et comme une nécessité qui s’impose.


I

Placées au centre du vieux continent, visitées chaque année par une foule de savans, les Alpes ont été le théâtre des premières tentatives d’observation dans les hautes régions. Aujourd’hui on pourrait citer une dizaine d’établissemens réguliers fonctionnant sur les versans suisses et italiens, à des niveaux qui dépassent 2,000 mètres. On sait que les religieux de l’hospice du Saint-Bernard, dont l’altitude est de 2,500 mètres, font depuis nombre d’années des observations météorologiques suivies sous la direction de M. Plantamour, qui de la comparaison des résultats obtenus au Saint-Bernard et à Genève a pu tirer des données précieuses sur la distribution variable des températures et des pressions dans cette couche d’air de plus de 2,000 mètres d’épaisseur. On peut citer encore les stations alpestres de Val-Dobbia, sur le Mont-Rose, de Julier et du Bernardin, dans les Grisons, du Saint-Gothard, du Simplon, dont les niveaux sont compris entre 2,000 et 2,600 mètres. N’oublions pas la station hibernale de Saint-Théodule, maintenue pendant plusieurs années, au-dessus des glaciers de la Viége, à une altitude de 3,333 mètres, par le zèle éclairé de M.