bord celui des poissons, puis celui des reptiles, et c’est pour ainsi dire la première inspiration de l’enfant nouveau-né qui, fermant la communication des deux cavités appelées oreillettes, le transforme en un être à respiration purement aérienne[1]. Au commencement de la vie fœtale, les quatre membres sont représentés par de simples palettes attachées directement au tronc ; le bras, l’avant-bras, la cuisse et la jambe apparaissent plus tard, et chez tous l’appendice caudal est plus ou moins développé. Ces embryons ressemblent donc à des poissons comme le têtard de la grenouille ; mais par suite d’une évolution progressive ils deviennent mammifères, oiseaux ou reptiles, suivant qu’ils proviennent d’un animal appartenant à l’une de ces trois classes ; c’est l’évolution individuelle connue sous le nom d’ontogénie par opposition à la phylogénie, qui expliquait l’évolution d’un type tel que le Nauplius par exemple, qui donne naissance à toute la série des crustacés.
Nous ne pouvons pas reconnaître dans les végétaux un développement semblable à l’évolution ontogénique, parce que ces êtres sont trop simples et que leur hiérarchie n’est pas évidente comme celle des animaux. Un végétal dit supérieur ne diffère pas tellement d’un végétal inférieur qu’on puisse apprécier une évolution individuelle. Cependant il y a dans les fougères, après leur germination, un état transitoire qui rappelle singulièrement l’état définitif des végétaux cellulaires. La grande loi de l’évolution se manifeste donc à la fois dans la série végétale et animale depuis l’apparition de ses premiers termes à la surface du globe jusqu’aux temps actuels ; elle se manifeste également, si nous considérons à part une classe de végétaux ou d’animaux, — c’est la phylogénie, — et enfin elle se révèle dans chaque individu en particulier, puisqu’il gravit un certain nombre d’échelons pour atteindre celui où se trouve l’être qui lui a donné naissance : c’est l’ontogénie.
Signalons une dernière concordance de preuves qui est d’autant plus convaincante qu’elle établit une étroite solidarité entre l’ancienne philosophie des sciences naturelles conçue par Linné, développée par Jussieu, et la nouvelle doctrine dont l’origine remonte à Lamarck. La méthode naturelle, c’est-à-dire la classification des êtres établie sur leurs affinités, avait été indiquée par Magnol et formulée par Linné ; mais c’est Laurent de Jussieu qui en fut le législateur : c’est lui qui établit les bases sur lesquelles elle repose et rédigea le code qui la régit, dans la préface du Genera plantarum, qui parut en 1789. À cette époque, la paléontologie végétale n’existait pas, l’anatomie végétale naissait à peine, on ne connaissait qu’un nombre de plantes fort restreint : la doctrine de l’évolution n’était pas même
- ↑ Voyez, pour plus de détails, A. Sabatier, Études sur le cœur, 1873.