tres communs de cet arbre et des cycadées ; il possède en outre, par anticipation, les chatons mâles des amentacées, qui lui succéderont dans l’ordre hiérarchique des végétaux, ordre identique à celui de la succession des végétaux dans l’échelle des terrains géologiques. Tout le monde connaît le vulgaire chardon roulant de nos terrains stériles ; il fait partie du genre Eryngium, famille des ombellifères. Cette famille appartient à l’embranchement des Dicotyledones, et comme toutes les plantes qui germent avec deux feuilles séminales, la plupart des Eryngium ont des feuilles à nervures divergentes ; mais un certain nombre d’Eryngium américains portent de longues feuilles rubanées à nervures parallèles comme celle des ananas, des Pandanus, des Agave. Ces Eryngium ont donc conservé par atavisme les feuilles des végétaux monocotylédones, leurs ancêtres. Les Arum ou les Smilax au contraire, quoique monocotylédones, possèdent déjà par anticipation les feuilles divergentes des dicotylédones, leurs successeurs. De même les Acacia de la Nouvelle-Hollande ont, au lieu de feuilles composées comme ceux de l’Afrique et de l’Asie, des feuilles à nervures parallèles, pétioles élargis appelés phyllodes, analogues aux feuilles rubanaires des monocotylédones. De même encore certaines renoncules aquatiques rappellent les fluteaux (Alisma) de nos marais, qui appartiennent aux monocotylédones. La crainte d’entrer dans des détails trop techniques et de citer des plantes connues des seuls botanistes m’empêche de multiplier ces exemples.
Voyons si la zoologie confirme les vérités générales que la botanique nous enseigne, sachons si le règne animal actuellement vivant se continue également sans interruption avec le règne animal fossile, si les êtres qui se meuvent et se multiplient autour de nous sont les descendans de ceux dont les ossemens ou les enveloppes solides reposent depuis un nombre incalculable de siècles au sein des couches géologiques. Je ne parlerai guère que des mammifères pour n’être pas entraîné à citer des animaux inconnus de la plupart des lecteurs. La botanique nous a appris que les grandes divisions du règne végétal, les monocotylédones et les dicotylédones, comprenant les végétaux supérieurs ou phanérogames, ont été précédés dans les dépôts plus anciens par leurs ancêtres paléontologiques immédiats, les fougères et les lycopodes. Il en est de même pour les mammifères : les plus inférieurs, didelphes ou marsupiaux de l’Australie (kangourous, thylacine, phascolôme), correspondent à des didelphes fossiles, les Thylacotherium et les Phascolatherium de l’étage jurassique de Stonesfield en Angleterre. Ce sont les mammifères les plus anciens que l’on connaisse. Ainsi, de même qu’en botanique les monocotylédones et les gymnospermes ont paru avant les dicotylédones, dont l’organisation est plus par-