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menace directe d’intervention, mais qui laissait entrevoir cette possibilité si l’on n’arrivait pas à une paix prochaine. L’Espagne vient d’envoyer à Cuba un nouveau gouverneur, le général Jovellar, qui a quitté le ministère de la guerre pour aller dans les Antilles. Malheureusement le général Jovellar a déjà commandé à Cuba, et il n’a pas réussi mieux que d’autres ; celui qui lui avait succédé, le général José de la Concha, prétendait même qu’il avait réussi moins que d’autres. Et voilà comment tout devient complication pour les pays dont les affaires sont depuis longtemps embrouillées par les révolutions ! L’Espagne a aujourd’hui une monarchie constitutionnelle, des chambres qui vont se réunir, un premier ministre habile, et libéral le mieux est pour elle de se servir de ces forces régulières pour retrouver l’autorité et le crédit dans la paix intérieure et extérieure.


CH. DE MAZADE.



ESSAIS ET NOTICES.

La Savoie industrielle, par M. V. Barbier ; Chambéry, imprimerie Bottero ; — Paris, Lemoigne.


Depuis l’annexion à la France, plus d’un heureux changement s’est opéré dans l’économie industrielle et commerciale de la Savoie ; mais le progrès n’a pas été aussi rapide qu’on l’avait espéré, et il importe d’étudier les innovations qui peuvent encore concourir au développement de la prospérité du pays, et dont les effets bienfaisans ne tarderaient pas à se faire sentir, si les principales exploitations étaient centralisées. C’est toute cette histoire de l’industrie en Savoie, des phases successives qu’elle a traversées, que M. Barbier vient d’exposer en deux volumes remplis de curieux documens qu’il a pu se procurer grâce à ses fonctions de directeur des douanes. On y trouve à côté d’une description des différentes fabriques et usines de ce pays pittoresque une étude complète des richesses naturelles qu’il renferme, et qu’il semble garder avec un soin jaloux. Jusqu’ici malheureusement la Savoie n’occupe pas encore dans le tableau de la production française la place que lui assignerait une exploitation plus intelligente de ses nombreuses ressources ; il suffit pour s’en convaincre de lire les chapitres intéressans que M. Barbier a consacrés à ces diverses industries. Tout en décrivant les appareils les plus nouveaux et ceux qui ont eu le plus de succès dans les expositions, il se préoccupe surtout de signaler les matières premières qui ne sont pas suffisamment connues ou qui ne sont pas encore employées dans le pays et qu’il y aurait avantage à y introduire : en ce qui concerne le régime agricole et industriel, il montre qu’il lui reste beaucoup à faire pour se mettre au niveau des perfectionnemens modernes, mais que, s’il veut tenir compte des procédés