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qui semblent renaître maintenant, où s’agite un parti qui voudrait ramener les rapports de la Hongrie avec l’Autriche à une simple union personnelle, à l’union dynastique déguisant une indépendance à peu près complète. Il aurait certainement retrouvé, dans un moment de crise sa puissante autorité morale. Sa vie tout entière reste la plus forte et la plus instructive école pour les patriotes et les hommes d’état de la Hongrie.

L’Espagne touche-t-elle à la fin de la guerre civile et à la régularisation de son état constitutionnel ? On le dirait à voir l’allure des choses depuis quelques jours au-delà des Pyrénées, le double mouvement qui s’accomplit pour faire coïncider un effort militaire décisif contre l’insurrection carliste et la réunion des cortès à Madrid. Jusqu’ici, malgré la facilité avec laquelle elle a été rétablie et l’adhésion presque universelle qu’elle a rencontrée, la monarchie restaurée il y a un an sous le nom du jeune roi Alphonse XII n’a été, à dire vrai, qu’une sorte de dictature née de circonstances extraordinaires. Dès les premiers jours, elle s’est trouvée aux prisée avec toutes les difficultés possibles : difficultés militaires, politiques, financières, religieuses, intérieures ou extérieures. Elle avait tout à la fois les provinces du nord à reconquérir sur le carlisme, l’île de Cuba à pacifier, des armées à refaire, des finances à retrouver, une légalité constitutionnelle à dégager de la désorganisation où les événemens révolutionnaires avaient laissé l’Espagne. Ce n’était point, il faut l’avouer, une œuvre facile pour un pouvoir nouveau ; elle a pris une année entière, et si le gouvernement, dont M. Canovas del Castillo n’a cessé d’être l’inspirateur et le guide, ne s’est point hâté, s’il a paru quelquefois déployer plus de patience que de décision, il a du moins marché avec sûreté, sans se laisser détourner du but qu’il se proposait, au milieu de tous les conflits d’influences et d’une multitude de partis créés par une succession de régimes éphémères. Aujourd’hui cette restauration laborieuse entre dans une phase d’action plus décidée. Les opérations militaires reprennent leur activité dans le nord, et l’Espagne a été tout récemment appelée à élire les deux chambres qui vont reconstituer la monarchie parlementaire au-delà des Pyrénées.

C’est vraiment d’ailleurs une guerre assez compliquée que cette guerre civile espagnole, qui implique tout à la fois une question de force militaire vis-à-vis des bandes de l’insurrection, et une question de politique vis-à-vis des provinces qui restent à soumettre. M. Canovas del Castillo, sans être un militaire, ne s’est jamais fait illusion ; il ai toujours cru qu’il fallait du temps, il l’a cru surtout après l’échec de la tentative par laquelle on avait voulu, il y a un an, inaugurer la restauration d’Alphonse XII. Les forces libérales n’étaient pas encore suffisantes. Depuis un an, tout a changé de face. Le premier coup sérieux porté à la cause du prétendant a été cette campagne que le général Martinez Campos a conduite, il y a quelques mois, et qui a eu pour