Page:Revue des Deux Mondes - 1876 - tome 13.djvu/467

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 janvier 1876.

L’année qui vient de s’ouvrir, qui ne compte encore que quelques jours, réserve-t-elle déjà au pays des difficultés ou des surprises nouvelles ? Entre les crises parlementaires de la fin de la session et la crise définitive des élections générales y a-t-il place pour une crise de gouvernement ? On le dirait à voir la marche des choses et les incidens qui sont venus tout à coup mettre en péril l’existence ou l’intégrité du ministère. Rien de particulièrement grave et irréparable, il est vrai, n’est survenu depuis quelques jours. L’assemblée s’est dispersée paisiblement le soir du 31 décembre après avoir entendu une vibrante et patriotique allocution de M. le duc d’Audiffret-Pasquier ; elle s’est séparée en laissant éclater l’incohérence de ses pensées jusque dans les acclamations diverses par lesquelles elle a répondu aux adieux de son président. Les députés se sont hâtés d’abandonner Versailles et de regagner leurs départemens, allant courir la fortune électorale, qui pour le sénat, qui pour la chambre populaire. Dès lors il a semblé à peu près entendu que les questions de cabinet n’avaient plus pour le moment de raison d’être, que le ministère formé pour l’application des lois constitutionnelles devait rester tel qu’il était jusqu’au bout de sa mission, jusqu’à ce scrutin qui va créer les nouveaux pouvoirs publics. C’était, sinon une nécessité absolue, du moins une convenance politique en l’absence de l’assemblée et en présence d’un mouvement d’élections déjà inauguré de toutes parts dans la mêlée des candidatures et des programmes. Malheureusement les situations fausses sont toujours livrées à l’imprévu, aux accidens intimes qui ne tiennent compte ni des convenances ni des nécessités, et le ministère, après le départ de l’assemblée comme devant l’assemblée elle-même, n’a cessé de se débattre dans une de ces situations fausses où tout est possible. De là cette crise qui vient d’éclater, qui n’est évidemment que la conséquence aussi naturelle qu’inopportune d’une équivoque favorable à toutes les confusions, aux malentendus et à d’inévitables froissemens. La vérité est que