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partir de cette substance même, il faut qu’elle la reçoive par les nerfs sensitifs, en sorte que l’excitation d’un nerf sensitif se transmet à la substance grise centrale, qui élabore un mouvement, et, l’ayant élaboré, le transmet par les nerfs moteurs aux muscles de la vie animale : c’est ce qu’on appelle un mouvement réflexe. Rien n’est plus instructif que les expériences de Flourens à cet égard. Il enlevait par le fer rouge la partie supérieure du cerveau à des pigeons, et dans cet état les animaux mutilés continuaient à vivre plongés dans un sommeil sans rêves, incapables de vouloir et d’agir eux-mêmes. Si on les poussait, ils marchaient ; si on les jetait en l’air, ils volaient : ils étaient devenus des machines vivantes, des automates ; leur existence personnelle avait disparu.

Ces mouvemens musculaires auxquels commande l’axe cérébro-spinal de substance grise sont innombrables ; mais il est facile de les classer d’après leurs fonctions. On a de la sorte plusieurs groupes de mouvemens d’ensemble : chacun est accompli par un grand nombre de muscles et sert à une seule fonction bien nettement déterminée. Ainsi il y a les mouvemens de l’œil, les mouvemens de la pupille, de la respiration, de la voix, de la déglutition, de l’extension ou de la flexion des membres. Chacun de ces mouvemens d’ensemble est provoqué par l’excitation d’une région bien limitée de la substance grise qu’on appelle un noyau. Pour en prendre un exemple connu de tout le monde, je citerai le fameux centre respiratoire de Flourens, qui est placé dans le bulbe, et préside à tous les mouvemens d’inspiration et d’expiration. C’est le nœud vital, et dès qu’on le détruit, l’animal meurt asphyxié, il ne peut plus faire les mouvemens respiratoires nécessaires pour oxygéner son sang.

Outre ces noyaux moteurs, il y a aussi des noyaux sensitifs ; ainsi les nerfs de l’odorat, de la vue, de l’ouïe, du goût, sont en rapport avec de petits noyaux de substance grise, disposés sur la longueur de l’axe cérébro-spinal. Tous ces centres sont reliés entre eux par une infinité de fibres et de cellules, en sorte que la délimitation précise des autres est loin d’être absolument connue. Dans le cerveau proprement dit, il n’y a que deux noyaux ; mais ils sont très volumineux et d’une importance extrême. On leur a donné des noms spéciaux, et on appelle le premier corps strié, le second couche optique ; leurs fonctions sont encore assez obscures. Nous nous contenterons de dire qu’ils forment la partie supérieure de l’axe cérébro-spinal, et qu’ils sont en connexion intime. avec la substance grise périphérique, c’est-à-dire les circonvolutions cérébrales.

C’est qu’en effet, outre l’axe central de substance grise dont nous venons de parler, il existe à la périphérie du cerveau une grande quantité de cette même substance disposée sous la forme d’une lame continue peu épaisse, mais repliée, sur elle-même, et faisant des