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moi, je restai à la porte, ego steti ante ostium. Un peu de temps après, vous me fîtes signe d’entrer ; mais je n’entendis rien de la bouche du prince, si ce n’est la permission de me retirer. Quant à ce que vous avez dit à l’empereur, je ne l’ai pas entendu ; je ne sais pas davantage ce qu’il vous a répondu. Ces renseignemens, je n’ai pas osé vous les demander ; j’ai craint, en m’approchant encore de vous, de manquer au respect, ad vos non accessi, prœpediente pudore. » Ainsi le respect a empêché l’archevêque de Lyon d’importuner plus longtemps les ministres, et il est retourné dans son diocèse « le cœur bien triste, » sans avoir rien obtenu, pas même un examen de sa proposition.

Telle était la pratique de ces grands plaids royaux ; on voit assez combien ils étaient subordonnés à l’empereur, et par le peu qu’était un archevêque vis-à-vis des ministres on peut juger du peu qu’étaient ces assemblées vis-à-vis du prince. — Il est clair que des réunions de cette nature pouvaient devenir hostiles à la royauté le jour où les évêques et les comtes seraient devenus indépendans d’elle ; mais aussi longtemps que ces mêmes hommes seraient dans sa main par leurs fonctions et leurs bénéfices, aussi longtemps qu’ils seraient ses premiers serviteurs et ses fonctionnaires, elles ne pouvaient être qu’un moyen de gouvernement. Ainsi que le montre bien Hincmar, ces réunions travaillaient avec le prince, elles ne pouvaient pas penser à le combattre.


IV. — L’ADMINISTRATION.

L’empire de Charlemagne était divisé administrativement en duchés, les duchés en comtés, les comtés en centaines. Dans chacune de ces circonscriptions on trouvait un représentant du prince. Les ducs et les comtes étaient des administrateurs. Le roi les nommait, les déplaçait, les révoquait. Il recevait des rapports sur leur gestion, les punissait ou les récompensait. Il leur envoyait ses instructions, qu’ils devaient suivre scrupuleusement. Ces hommes n’avaient par eux-mêmes aucune puissance ; ils étaient seulement les intermédiaires par lesquels la puissance royale s’exerçait.

Chaque comte avait sous ses ordres un ou plusieurs vicaires ou vicomtes et plusieurs centeniers. Aucun de ces chefs locaux n’était élu par les populations ; ils étaient choisis, soit par le comte, soit par les missi dans leur tournée d’inspection. Un centenier était un fonctionnaire de rang inférieur. Si le roi ne prenait pas la peine de le nommer directement, du moins il se faisait rendre compte de sa conduite et le révoquait à sa volonté. Tout ce qui administrait, tout ce qui avait quelque autorité dépendait du prince.

On voudrait savoir s’il existait à côté des comtes et des centeniers