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certaine inquiétude et le désir du mieux. Sa rêveuse est une jeune fille pâle et maladive, entortillée d’une robe en velours rouge et assise sur une chaise à grand dossier recouvert d’un cuir de Cordoue. Rien de plus simple, ni tapage, ni fracas ; tout cela, peint largement, est d’un sentiment très fin, d’une harmonie délicieuse. Ce qui manque à ce joli tableau, car enfin il mérite qu’on le regarde de près, ce sont les dessous. Un sculpteur aurait de la peine à modeler une figure d’après celle de M. Jacquet, on ne sent pas assez le corps de la petite rêveuse sous le velours dont elle s’entortille. Ce qui est suffisant dans un petit tableau de genre, où la touche, le jeu de la brosse, peuvent tenir la place d’une forme et faire illusion, ne l’est plus dans une figure grande comme nature, et je crains que M. Jacquet ne se soit contenté trop aisément des séductions extérieures de sa facile peinture. S’il eût cherché davantage, il eût trouvé pour la robe un ajustement plus heureux, il eût évité ces plis parallèles à la cuisse qui l’amaigrissent, la déforment, et font croire qu’au moment où il l’a peinte, elle ne renfermait qu’un mannequin ; il eût donné plus de consistance aux chairs, plus d’épaisseur à la poitrine, et, son personnage devenant plus solide, il eût bien compris que ce fauteuil nuageux et indécis était incapable de le supporter. Il y a des défaillances de modelé ; à côté d’un morceau très poussé, j’en trouve un autre manquant de ressort et d’étude ; il s’ensuit une légère inégalité, je ne sais quoi de décousu qui trouble un peu.

Ces inconstances, ces inégalités sont surtout apparentes dans un autre tableau du même artiste, Halte de lansquenets. J’aime beaucoup moins cette toile, quoique la recherche du caractère y soit visible et que l’exécution très personnelle n’ait point les défauts particuliers à presque tous les peintres de genre. Le goût du bibelot y joue un bien grand rôle. Cette halte n’est qu’un prétexte à cuirasses, et toute cette jolie ferraille, si finement copiée d’après nature, est trop réelle pour le milieu légèrement fantastique où elle se trouve, trop réelle surtout pour les mannequins qui la supportent. Il n’y a là ni vie ni mouvement ; le terrain manque de solidité et la façon dont la scène s’éclaire est incompréhensible. Toutefois la tête que l’on voit à droite en profil perdu, puis celle de l’enfant casqué, sur le premier plan, sont des morceaux solides et bien peints. Pourquoi ces intermittences de conviction et de découragement, d’entrain et de mollesse ? Si j’avais l’honneur de connaître M. Jacquet, comme je lui conseillerais de renoncer aux haltes de lansquenets et de tenter l’aventure d’un grand sujet où les rares qualités de poète et de peintre que la Providence a mises en lui trouveraient un épanouissement digne d’elles ! Le moment est propice, on a soif d’une œuvre élevée, et si M. Jacquet, est homme