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répond : Dix, un autre : Douze, d’autres : Neuf, onze, treize. — On fixe alors une limite. Nous dirons quelle nombre des feuilles n’est pas déterminé, et qu’il varie de huit à quatorze. Chaque propriété était inscrite au tableau, qu’on avait divisé en deux colonnes pour montrer les ressemblances et les différences des deux plantes. L’explication allait lentement, car chemin faisant le professeur disait ou faisait dire à ces commençans ce qu’est et à quoi sert la corolle, l’ovaire, la tige, la racine. Il rappelait aussi les plantes vues antérieurement : un commencement de classification était donné. Les élèves, à qui il était défendu de prendre des notes, devaient rapporter par écrit pour la prochaine leçon ce qui avait été ainsi constaté en commun. Le maître apportait à son enseignement une grande sévérité, ce qui ne l’empêchait pas de se laisser aller à des digressions et à des récits écoutés avidement par les enfans. Ainsi le pavot donna l’occasion de parler de l’opium, et du commerce d’opium fait autrefois par l’Angleterre avec la Chine. Nous avons en France l’excellente habitude des courses botaniques ; mais ce que j’ai vu, c’était une exploration botanique faite en classe. Les élèves ont tous leur herbier : s’ils font un voyage, ils doivent rapporter quelque objet nouveau pour enrichir le cabinet d’histoire naturelle.

Le même caractère se retrouve dans les leçons de physique et de chimie : l’interrogation s’y mêle constamment à l’enseignement. Le professeur de physique, par exemple, après avoir exposé, un ordre de phénomènes et avant de montrer l’expérience qui doit en fournir la loi, s’adresse à un élève : « Comment vous y seriez-vous pris ? » La démonstration vient de la sorte se présenter sous forme d’un récit, et les élèves apprennent à connaître les hommes qui ont le plus contribué au progrès de la science. Ce mode d’enseignement, — dont il ne faut pas abuser, car il est un peu long et pourrait devenir monotone, — s’il est employé à propos, fait chercher et réfléchir.

Quand nous aurons ajouté l’histoire, la géographie, le dessin, nous aurons à peu près énuméré tous les objets d’étude de la realschule. Une si grande diversité de matières n’a pas laissé que d’inquiéter la pédagogie allemande. Depuis plus de vingt ans, une question à l’ordre du jour dans les journaux scolaires et dans les livres, c’est la « concentration » de cet enseignement. Il s’agirait de trouver la matière qui serait regardée comme le noyau autour duquel les autres vinssent se placer par couches concentriques, ou encore, pour employer un terme favori de ce long débat, il faudrait découvrir le centre de gravité de la realschule. La discussion, qui s’est poursuivie parfois avec une grande vivacité, dure encore. Les uns ont cru découvrir le point central dans les mathématiques, d’autres