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dans cette première période ni aussi considérable ni surtout aussi considéré que serait tenté de se l’arranger une abstraite méthode inductive. Membre actif et remuant du groupe des junker en 1847 et du grand parti de la croix qui se forma après la révolution de février, le gentilhomme campagnard de Schœnhausen fut loin d’avoir au sein de ce parti l’autorité d’un Gerlach et d’un Stahl, ou la grande situation de tel seigneur féodal de Silésie ou de Poméranie. Malgré son audace, son impétuosité et son sang-froid, malgré les saillies parfois les plus heureuses d’une éloquence alors bien autrement inégale et embarrassée encore qu’elle ne l’est aujourd’hui, M. de Bismarck ne fut à cette époque que le Hotspur et l’enfant terrible de la sacrée phalange qui défendait le trône, l’autel et les principes conservateurs ; c’était en quelque sorte le général du Temple des chevau-légers borusses, un général du Temple doublé d’un marquis de Pire. A tout prendre, il ne passait que pour un Thadden-Triglaff réussi, ce brave M. Thadden-Triglaff qui déclarait bien vouloir la liberté de la presse, à la condition toutefois « qu’il y eût une potence à côté de chaque journal pour y accrocher les folliculaires. » Les propos de M. de Bismarck, — ami et voisin de cet ingénieux législateur de la presse, — ne furent pas parfois beaucoup plus raisonnables ; ne lui arriva-t-il pas un jour de dire en toutes lettres « que toutes les grandes villes devraient être détruites et rasées de la terre, comme des foyers éternels de révolution ? »

Les Athéniens de la Sprée riaient de ces lazzis, répétaient ces mots pleins d’humour, et admiraient surtout certain argument ad hominem au moyen d’une chope de bière. Parfois aussi ils commentaient avec malice les avances faites aux purs, aux démocrates, et s’égayaient notamment sur le compte de la fameuse petite branche d’olivier que le hobereau de Schœnhausen montra un jour à son collègue de la chambre, le très radical docteur d’Ester. Cette branche, lui dit-il, il venait de la cueillir dans une récente excursion à Vaucluse, sur le tombeau de Laure et de Pétrarque ; il la serrait précieusement dans son porte-cigare et comptait encore l’offrir un jour à messieurs les rouges « en signe de réconciliation… » Il a été dans la destinée étrange de cette homme extraordinaire de n’être pris au sérieux que le jour où il devint terrible. Der tolle Bismarck, disaient les Allemands en 1850 ; à Francfort, ce bon comte Rechberg l’appelait dédaigneusement un bursche, et il passa pour un personnage moquable aux yeux d’un ministre français, un homme d’esprit pourtant, encore en 1864. L’année d’après, sur la plage légendaire de Biarritz, il poursuivait de ses projets l’empereur Napoléon III, qui, appuyé au bras de l’auteur de Colomba, jetait de temps en temps dans l’oreille du sénateur académicien ces