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REVUE. — CHRONIQUE.

commencer. Le premier de ces actes est un rapport que le ministère vient d’adresser an roi et qui a reçu une publicité officielle. C’est en véritable programme politique, le préliminaire d’une restauration constitutionnelle. Le ministère n’hésite point à dire : « La période préparatoire des élections est ouverte… Remettre en vigueur le système représentatif, créer une légalité qui, respectée partout, ferme la période dissolvante du provisoire, telle est l’aspiration suprême du gouvernement de votre majesté… » Et en appelant l’oubli sur toutes les différences d’antécédens des hommes mêlés aux luttes de ces dernières années, le ministère ajoute : « Tous les amis du bien public et du trône constitutionnel partageront sans nul doute cette même pensée. »

Cet appel a été entendu, et peut-être avait-il été concerté avec les libéraux. Toujours est-il que presque aussitôt, avec l’autorisation du gouvernement lui-même, d’anciens ministres, d’anciens sénateurs ou députés, se sont réunis au nombre de près de six cents. Parmi eux se trouvaient des hommes de toutes les nuances constitutionnelles, M. Mon, M. Barzanallana, M. Alonso Martinez, le marquis de Corvera, le marquis de Pidal, M. Calderon Collantes, M. Candau, M. Silvela, M. Cortina, et bien d’autres. Cette réunion, qui a eu toute l’apparence d’une séance parlementaire, ne s’est pas contentée de faire un acte public d’adhésion au roi ; elle a nommé une commission chargée de préparer les élémens de la constitution nouvelle. Depuis ce moment, elle a reçu d’innombrables adhésions de toutes les parties de l’Espagne. Un ancien ministre du roi Amédée et du général Serrano, M. Sagasta, a paru seul résister au mouvement ; mais il n’a pu retenir beaucoup de ses amis, même de ses collègues dans le dernier ministère Serrano, et son opposition reste une bouderie assez inutile qui cache peut-être une ambition personnelle mal satisfaite. Tout cela se fait évidemment de concert avec le gouvernement, surtout avec M. Canovas del Castillo, qui, plus que tout autre, a contribué à provoquer, à faciliter cette manifestation en faveur du jeune roi. Que sortira-t-il de ce travail ? C’est le prélude du rétablissement des institutions libérales par la formation d’un parti national autour du trône restauré, et c’est dans la monarchie constitutionnelle que l’Espagne trouvera sûrement la force la plus efficace pour achever la défaite de l’insurrection carliste ; c’est par cette monarchie sérieusement pratiquée qu’elle pourra réussir à relever ses finances, son crédit, et réparer les désastres accumulés par de longues et stériles révolutions.

CH. DE MAZADE.


The last Journals of David Livingstone, edited by the rev. H. Waller Londres 1874.


David Livingstone, le grand explorateur de l’Afrique centrale, est mort, comme on sait, le 1er mars 1873. Deux ans avant sa mort, il avait