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aurait dans le témoignage d’hommes aussi éclairés de quoi faire reculer le réformateur, si les honorables inspecteurs-généraux des établissemens de bienfaisance n’avaient pris soin en quelque sorte de se réfuter eux-mêmes. Ils se réfutent en fait lorsqu’ils nous montrent dans leurs tableaux statistiques les deux tiers des bureaux de bienfaisance actuels établis dans des communes au-dessous de 1,000 habitans[1]. Ils se réfutent en principe lorsqu’ils ajoutent, après le passage que nous avons cité plus haut : « Les administrations départementales doivent également se bien garder de supprimer les bureaux de bienfaisance dont les ressources sont trop modiques. En effet, un grand nombre de bureaux, dont la dotation est inférieure à 50 francs, rendent néanmoins dans les communes rurales des services appréciables. Il ne faut pas d’ailleurs perdre de vue que tel bureau de bienfaisance, d’une vitalité faible à ses débuts, a rapidement grandi et prospéré, grâce au courant charitable déterminé par le fait même de son existence. » Cette déclaration est précieuse à enregistrer. S’il faut se garder avec tant de soin de supprimer les bureaux de bienfaisance les plus pauvres, à cause du bien qu’ils font dès à présent et qu’ils sont appelés à faire dans l’avenir, pourquoi ne pas en augmenter le nombre ? Est-il téméraire dépenser que, dans les plus faibles agglomérations rurales, les ressources de la charité privée, jointes à celles de l’assistance publique, pourront atteindre ce chiffre de 50 francs, qui n’est pas toujours nécessaire, suivant l’administration elle-même, pour rendre des services appréciables ?

Comment sera composé le bureau de bienfaisance communal ? Depuis la loi organique du 7 frimaire an V, qui sur ce point est toujours restée en vigueur, les bureaux de bienfaisance doivent se composer de cinq membres. Seul le mode de nomination a varié. Tantôt ces membres ont été nommés par le corps municipal, tantôt par l’administration ; le maire de la commune a toujours été membre de droit et président du bureau. Aujourd’hui, et en vertu de la loi récente du 21 mai 1873, le curé est également membre de droit, et la partie renouvelable du bureau est nommée par le préfet sur une

  1. D’après le travail de l’inspection-générale, on compte on 1874 13,545 communes pourvues d’un bureau de bienfaisance. On en comptait 13,367 en 1871. Sur ce nombre 8,168 n’avaient pas 1,000 habitans ; 3,353 n’en avaient même pas 500 et se décomposaient ainsi :
    communes d’une population de habitans et au-dessous
    1,070 500
    1,062 400
    769 300
    420 200
    32 100