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ainsi, tandis que 5,179 bureaux se trouvent placés dans des communes de 1,000 âmes et au-dessus, 8,168 bureaux sont établis dans des localités qui ne comptent pas un millier d’habitans., Sur ces 8,168 bureaux, plus de moitié n’ont pas 500 habitans, un nombre assez considérable ne compte pas plus de 300 âmes. Ce dernier chiffre lui-même n’est pas une limite ; il y a des communes de 200, de 100, de moins de 100 habitans, qui possèdent un bureau de bienfaisance. Ainsi, contrairement à l’idée qu’on s’en fait généralement, la grande majorité des bureaux de bienfaisance se trouve placée dans les communes rurales.

Nous avons vu que 644 bureaux n’avaient pas de ressources, et par ce mot il faut entendre des ressources fixes et permanentes, comme les rentes sur l’état ou les revenus des immeubles ; mais à côté de ces bureaux absolument misérables il y en a beaucoup d’autres qui ne le sont guère moins. On compte 1,062 bureaux dont les recettes ordinaires ne dépassent pas 50 francs. Avec des moyens aussi chétifs, on comprend que l’œuvre du bureau de bienfaisance soit bien modeste, bien circonscrite, et qu’elle se borne à distribuer quelques secours alimentaires. Il semble du reste que dans certaines petites communes l’indigence soit nulle ou à peu près nulle, car la même statistique nous montre que les ressources des bureaux, si minimes qu’elles soient, ne sont pas toujours employées. Sans parler des 644 bureaux sans ressources que nous avons mentionnés tout à l’heure, nous voyons que 352 autres bureaux n’ont fait aucune dépense en 1871, et 1,506 ont dépensé moins de 50 francs.

Comment les recettes des bureaux ne sont-elles pas plus élevées, puisque la loi leur attribue le droit sur les bals, spectacles et concerts, le droit sur les concessions dans les cimetières, le produit des amendes et des confiscations locales ? On comprend à la rigueur que le droit sur les spectacles soit dans les petites communes absolument improductif ; on conçoit moins que les concessions dans les cimetières ne produisent rien, car dans toute commune il y a un cimetière. Il est probable que les communes négligent de faire ces concessions et que les bureaux, peu vigilans de leur nature, se gardent bien de les y inviter : ainsi s’égare une partie des recettes des établissemens de bienfaisance. Quant aux amendes et confiscations, comme dans les communes rurales elles ne peuvent guère être frappées que par le maire lui-même, et que celui-ci ne demande qu’à fermer les yeux sur les infractions de toute sorte qui se commettent journellement à sa barbe, on comprend parfaitement que les bureaux de bienfaisance ne tirent rien de cette source. C’est ainsi qu’on peut expliquer ce singulier résultat, révélé par l’enquête, que sur 13,367 bureaux 3,750 seulement perçoivent les droits dont