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publique. Dès le 31 août 1871, M. Lestourgie et plusieurs de ses collègues demandaient la nomination d’une commission de quinze membres chargée d’étudier un projet d’organisation de l’assistance dans les campagnes. Le 25 mars 1872, M. Eugène Talion présentait un projet de loi, précédé d’un remarquable exposé, sur l’assistance publique et l’extinction de la mendicité. Le 9 juillet de la même année, MM. Roussel et Morvan déposaient à leur tour un projet complet d’assistance médicale dans les campagnes.

Ces diverses propositions furent renvoyées à l’examen de la commission, dont les travaux prirent aussitôt une grande importance. Une vaste enquête fut ouverte. On fit appel aux lumières de tous les hommes compétens en matière d’assistance, mais on tint surtout à connaître l’avis des campagnes elles-mêmes. Dans cette intention, on consulta les conseils-généraux, les conseils d’arrondissement, les sociétés médicales, les sociétés d’agriculture, les commissions administratives des établissemens de bienfaisance. Un vaste questionnaire avait été dressé par les soins de la commission et envoyé à tous les corps consultés ; il ne comprenait pas moins de quarante questions et portait à la fois sur les bureaux de bienfaisance, l’institution des comités cantonaux, l’assistance médicale et pharmaceutique, l’assistance hospitalière, l’extinction de la mendicité, les enfans orphelins ou abandonnés et les institutions de prévoyance. Tout le monde répondit à l’appel. Les dépositions ont été imprimées par les soins de la commission et ne forment pas moins de deux gros volumes, où certainement la vérité se mêle à l’erreur, le sens pratique à l’utopie, mais qu’on pourra toujours consulter avec fruit, et dont il peut être utile de dégager les principaux résultats.

Toutefois le champ de l’enquête était si étendu, les points sur lesquels elle a porté si nombreux et si complexes, qu’il importe de ne pas se perdre au milieu de toutes les questions agitées dans ce vaste programme. C’est du reste ce qu’a senti parfaitement la commission d’assistance elle-même. Elle a mis à profit l’expérience de 1849, elle a circonscrit son sujet, et, cessant d’embrasser toutes les réformes soulevées un peu confusément dans son questionnaire, elle s’est attachée spécialement à deux ou trois d’entre elles. « L’enquête, dit le rapport de M. Eugène Talion, n’a pas été au même degré concluante dans les divers ordres de questions sur lesquelles nous avons provoqué des réponses : ainsi les opinions sont divisées et contradictoires sur des points importans, tels que la création de comités cantonaux, la réforme de la législation hospitalière, le service des enfans assistés, les mesures relatives à l’extinction de la mendicité. Voilà la partie incertaine et indécise des résultats de l’enquête ; mais, en regard de ces solutions divergentes, on ne peut