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LES GRANDS LACS
DE L'AMERIQUE DU NORD
SOUVENIRS DE VOYAGE

Entre l’île de Terre-Neuve et la Floride, les côtes de l’Amérique septentrionale courent du nord-est au sud-ouest. La grande île barre le golfe où vient se jeter le fleuve Saint-Laurent, dont la direction est parallèle à celle du rivage : il est probable que le phénomène géologique qui a donné naissance à la vallée que sillonne ce cours d’eau est le même que celui qui a dessiné les côtes et en a marqué le dernier relief. Le Saint-Laurent est l’émissaire d’un lac de forme elliptique, à la suite duquel en vient un second à peu près semblable. Le grand axe de ces deux lacs est sur le prolongement du fleuve. En remontant vers le nord, se présentent trois autres lacs assemblés en feuille de trèfle et beaucoup plus étendus que les deux premiers. Ces divers lacs portent les noms d’Ontario, Erié, Huron, Supérieur et Michigan. Ils communiquent par des déversoirs naturels à pentes souvent très inclinées : ainsi le Lac-Supérieur s’unit au lac Huron par le saut Sainte-Marie, le lac Erié. au lac Ontario par la chute du Niagara. Le Saint-Laurent roule à la mer tout le volume d’eau des lacs, et n’a pas d’autre source que ces immenses bassins aux niveaux étages. Pris ensemble, ceux-ci forment une vaste mer intérieure, la plus grande masse d’eau douce que l’on connaisse. Les États-Unis et le Canada, chacun pour leur part, en ont justement revendiqué la surveillance pour tout ce qui concerne l’hydrographie, la navigation, la création et l’entretien des ports, des canaux, des phares.

Législativement, la chaîne des lacs, comme on la désigne par une heureuse métaphore, est traitée à l’égal de l’Océan ; c’est en effet un petit océan au milieu des terres, une véritable Méditerranée. Pendant la belle saison, une flotte de navires à voile et à