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bienfaisante des vents du nord-est qui balaient ces plaines, dont le niveau, en plusieurs points, n’excède pas 40 mètres. Ici, les alizés, après avoir soufflé sur les plaines et les grands lacs, s’échappent librement à travers les vastes percées qui interrompent la cordillère du Pacifique. Si cette chaîne formait une muraille continue comme celle de la côte atlantique, l’atmosphère du bassin intérieur, au lieu d’être sans cesse vivifiée par des courans actifs, offrirait probablement la torpeur malsaine qui rend la côte atlantique si insalubre. Les nombreuses portes ouvertes au vent tout le long du Pacifique sont la cause des courans si constans dont l’existence est attestée par les voyageurs qui ont visité les régions de l’intérieur ; ces courans suscitent sur les lacs Nicaragua et Managua une houle puissante, et y donnent lieu à un ressac non moins violent que celui de l’Océan. Aussi un voyageur contemporain, M. P. Lévy, n’hésite-t-il pas à déclarer que le climat du Nicaragua est un des plus sains de tous ceux qu’on peut trouver sous la zone torride[1].

L’influence néfaste des calme sous les basses latitudes est confirmée par l’étude des saisons du Sénégal. Lorsqu’on veut se faire une idée exacte du climat de cette région, il faut secourir à l’excellent ouvrage que vient de publier M. le docteur Borius, qu’un long séjour dans nos colonies a familiarisé avec les maladies des Européens dans les pays chauds[2]. Au Sénégal, où le soleil passe au zénith deux fois par an l’année se divise en deux saisons parfaitement tranchées. La première, de décembre à la fini de mai, est la saison sèche, elle est fraîche et agréable sur le littoral (à Saint-Louis et Gorée), et saine surtout pour l’Européen ; elle permettrait l’acclimatement, si elle n’alternait pas avec une saison éminemment chaude, humide et malsaine, l’été tropical, qui dure de juin à novembre, et qui a reçu le nom assez mal choisi d’hivernage dans le sens de mauvaise saison. Le commerçant qui peut aller passer cette saison en Europe résiste longtemps au climat sénégambien. Dans l’intérieur, la saison sèche n’est douce que pendant les trois premiers mois, auxquels succède une période de chaleurs intolérables qui rendent le séjour de l’intérieur du pays presque aussi dangereux que pendant l’hivernage. Dans la saison sèche dominent les vents de nord-est, vents secs qui dessèchent les marais. L’hivernage amène une humidité prononcée, des calmes nombreux, des vents faibles et variables, une température moyenne élevée à oscillations faibles, une dépression barométrique sensible, des pluies, des orages, l’inondation

  1. P. Lévy, Notas sobre la republica de Nicaragua, Parte 1873.
  2. Recherches sur le climat du Sénégal, par M. A. Borius, Paris 1875 ; Gauthier. Villars. — L’auteur résume dans son livre vingt-années d’observations de toute sorte faites par les médecins et les pharmaciens de la marine qui ont habité ce pays, et il y joint les résultats d’une expérience personnelle de cinq années, ainsi que les précieuses données fournies par les frères de Ploermel.