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âge, il n’était pas difficile de tout embrasser : à l’époque de la renaissance, il y avait encore des hommes qui, comme Pic de La Mirandole, possédaient l’ensemble des connaissances de leur temps. De nos jours, les sciences déjà connues ont pris une extension immense, et des sciences nouvelles, comme la linguistique et la géologie, sont venues s’ajouter aux anciennes ; dès lors il devient nécessaire de restreindre le champ de ses études, si l’on ne veut pas perdre sa peine en un travail stérile. En France, on a tenu compte de cette nécessité dans les concours d’agrégation, et aussi pour la licence ès-sciences, qui a été dédoublée. En Suède, l’examen de la licence se présente aux candidats sous sept formes différentes : la loi leur permet de choisir entre sept groupes formés parmi les sciences exactes et les belles-lettres. L’examen consiste en la présentation d’un travail écrit sur un sujet laissé au choix du candidat, et en interrogations orales.

Reste le doctorat, ce titre si envié dans tous les pays germaniques. Pour devenir docteur en philosophie, — philosophiez magister, — le licencié doit soutenir une thèse à peu près comme en France. La soutenance était autrefois une brillante solennité universitaire à laquelle les assistans prenaient part avec ardeur : le respondens peut maintenant encore choisir deux opponentes pour l’appuyer dans son argumentation ; mais les seuls juges sont le doyen de la faculté et un professeur désigné par lui. Une fois la thèse admise, il faut encore attendre la promotion solennelle, qui n’a lieu que tous les trois ans. Depuis le commencement du siècle dernier, cette cérémonie s’est renouvelée périodiquement à Upsal, comme les jeux qui marquaient chez les Grecs le renouvellement des olympiades. Les vieux usages se sont presque intégralement conservés : les promovendi, revêtus du costume traditionnel et couronnés de lauriers, entrent en procession dans la cathédrale, entendent le discours du promotor et prêtent un serment en latin qui contient une profession de foi très nette en faveur de l’église suédoise : c’est sans doute pour ne pas violenter les consciences que le recteur accorde fréquemment à ceux qui en font la demande l’autorisation de se soustraira à la solennité publique et leur délivre le diplôme en particulier.

Le nombre des docteurs en philosophie promus tous les trois ans à Upsal est de 90 à 100, et pour les deux universités de 120 à 130, Un pareil chiffre, pour une population si peu considérable, montre combien l’instruction supérieure est en faveur en Suède. Il en est ainsi du reste depuis longtemps : l’érudition et la haute science sont d’ancienne tradition dans le nord Scandinave ; il y a juste cent ans, les promotions triennales étaient déjà si considérables à Upsal