Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 9.djvu/448

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aspirans à la diplomatie ou à l’administration sont interrogés sur l’économie politique, le droit des gens, le droit public suédois, le droit administratif et les parties les plus importantes du droit civil. Le droit romain, qui occupe une si grande place dans les études juridiques en France, est réservé pour l’enseignement purement théorique.

Il y a également deux voies à suivre dans la faculté de théologie : l’une conduit au doctorat par la science pure ; l’autre est choisie de préférence par les jeunes gens qui se destinent au ministère ecclésiastique. Ceux-ci passent successivement deux examens, l’un de théologie pratique, l’autre de théologie théorique. Au nombre des épreuves sont des sermons prononcés par les postulans devant leurs juges. Au sortir de l’université, il ne manque plus que l’ordination canonique pour faire de l’étudiant un pasteur. La faculté de théologie remplace donc le séminaire dans la formation des jeunes prêtres : de même que le clergé protestant en France, le clergé de Suède se recrute exclusivement parmi des hommes préparés par de fortes études aux graves fonctions qu’ils auront à remplir ; aussi exerce-t-il sur la société tout entière une légitime et salutaire influence.

La faculté de philosophie est de beaucoup la plus importante : plus des deux tiers des étudians en font partie. Cet empressement s’explique par plusieurs motifs : les uns font un stage de deux ou trois ans avant d’entrer dans une des trois facultés spéciales ; d’autres travaillent en vue du professorat, pour gagner un grade qui les mette en mesure d’obtenir une chaire dans un lycée ; enfin le goût de l’étude attire et retient à l’université nombre de jeunes gens qui, sans avoir en vue une carrière précise, complètent longuement leur instruction. Ajoutez à cela que beaucoup se plaisent à la vie d’étudiant et ne sont nullement pressés de la voir finir ; il n’est pas rare de rencontrer à Upsal des hommes de trente-cinq ans et plus portant encore la petite casquette blanche qui distingue les citoyens académiques, et cela ne paraît point trop extraordinaire. Quant aux professeurs, la faculté de philosophie à Lund en compte 39 et à Upsal 73. Il est vrai que tous n’enseignent pas régulièrement : un grand ouvrage a achever, un voyage scientifique en France ou en Allemagne, sont les causes les plus ordinaires qui les enlèvent à leurs cours. Ainsi à Upsal, pendant le semestre de printemps 1873, — l’année universitaire se divise en deux semestres, dits d’automne et de printemps, — 58 professeurs seulement sur 73 étaient en activité ; sur ce nombre, 21 ont fait des leçons correspondant aux cours de nos facultés des sciences, et 37 des leçons que nous nommerions littéraires. On voit que nous sommes loin des