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l’éclat ne compromît la bonne réputation de l’association. Le certificat portait autrefois des mentions variées qui pouvaient susciter des récriminations et des jalousies. Depuis quelques années, on a simplifié les notes, il n’y a plus de mention au-dessus de bien ; la conduite est qualifiée de satisfaisante, assez ou médiocrement satisfaisante, et le travail est indiqué comme bon, assez bon ou médiocre.

Les étudians de la même nation ont la jouissance d’un lokal plus ou moins opulent, où ils se réunissent comme dans un cercle. Le moins qu’ils y trouvent est une grande salle pour les assemblées générales et les fêtes, une bibliothèque, un cabinet de lecture où l’on reçoit, outre les principales publications périodiques de la Suède, des journaux et revues d’Allemagne, d’Angleterre et de France. Certaines nations sont fort riches : celle d’Ostrogothie par exemple possède au milieu de la ville d’Upsal une maison, on devrait dire un château, entouré d’un jardin où, pendant les quelques semaines de l’été, la nature septentrionale revêt toutes ses splendeurs : beaux et grands arbres, parterres de fleurs et vertes pelouses où se dressent çà et là de ces blocs de granit couverts d’inscriptions runiques qui sont l’ornement habituel des parcs du nord. La salle des fêtes de la nation de Vermland et Dalécarlie est une vaste galerie de tableaux où l’on peut voir les portraits des hommes marquans de ces deux provinces. Le plus connu est le fameux Rydbek, auteur de l’Atlantica, colossal ouvrage d’érudition que tout le monde admire de confiance ; mais je n’ai jamais rencontré personne qui l’ait lu jusqu’au bout. Au fond de la salle est une statue de marbre de Byström, une Iduna, l’Hébé Scandinave, qui paraît étendre sa protection sur ses jeunes adorateurs. Outre les réjouissances patriotiques et les fêtes particulières, dans lesquelles les toasts alternent avec les chants nationaux, les nations ont souvent des représentations théâtrales et des concerts. On n’a pas oublié le succès des chœurs d’étudians upsaliens à l’exposition universelle de 1867. Le goût de la musique est inné chez les Scandinaves ; outre un certain nombre de compositeurs de talent, la Suède possède d’inappréciables trésors de cette ravissante musique populaire, dont quelquefois de lointains échos se sont fait entendre jusqu’à Paris. Les folksvisor (chansons populaires) tiennent une grande place dans les concerts de Stockholm et d’Upsal. Ces mélodies douces, mélancoliques et langoureuses qui accompagnent des paroles gaies ou des hymnes patriotiques sont en quelque sorte l’image du caractère national des hommes du nord et en particulier des Suédois, chez lesquels un extérieur doux, calme, réservé, presque triste, n’exclut ni la gaîté ni le plus mâle courage.

Les nations, pour penser aux vivans, n’oublient pourtant pas les morts. Si l’on parcourt le cimetière d’Upsal, on rencontre des