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ce que sont ces sortes de règlement. Outre les membres honoraires, qui sont des professeurs de l’université ayant fait partie autrefois de l’association, les landsmän (mot à mot les nationaux) se divisent en trois classes. Les nouveau-venus sont appelés recentiores jusqu’à ce qu’un vote de leurs camarades les fasse passer au rang de juniores. Ceux-ci peuvent ensuite, par un nouveau vote, être élevés à la dignité de seniores. Le stage dans la première classe est d’au moins un an, et de deux ans dans la seconde. Le pouvoir souverain appartient à l’assemblée générale de la nation : dans les votes, les recentiores ont un suffrage, les juniores en ont deux et les seniores trois. Tous les fonctionnaires de la nation sont électifs et annuels. Le pouvoir exécutif appartient au premier curateur, qui convoque les assemblées générales et les préside. Il est choisi parmi les plus anciens des seniores, et souvent parmi les docenter, dont il a été parlé plus haut, et qui, bien que faisant partie du corps enseignant, ne cessent pas d’appartenir à leur nation. Les autres magistrats élus sont le second curateur, chargé des affaires de finances, le bibliothécaire et un quatrième fonctionnaire appelé familièrement le magister bibendi, préposé à l’organisation des fêtes. Un droit de surveillance est conféré à un inspecter, choisi par la nation parmi les professeurs titulaires de l’université, avec approbation du consistoire académique.

C’est surtout par la distribution des stipendia et la délivrance des certificats que la nation devient un rouage important dans le mécanisme universitaire. Chaque nation possède en plus ou moins grande abondance des capitaux qui lui ont été légués à charge d’en répartir les revenus entre les étudians pauvres : quelques-unes doivent des fortunes considérables aux donations accumulées pendant plusieurs siècles. Ces subventions, accordées par le premier curateur sur l’avis conforme des seniores, permettent à beaucoup de jeunes gens sans fortune de faire les longues études qui conduisent au professorat et aux autres carrières libérales, et l’appui réciproque que se donnent ainsi les landsmän développe entre les enfans de la même province un vif sentiment de solidarité. Enfin un comité, présidé par le premier curateur, délivre un certificat de travail et de bonne conduite aux étudians qui. veulent subir un examen devant l’université. Chacun est jugé par ses pairs. Pas de certificat, pas d’examen. On conçoit quelle puissance un droit aussi important confère aux autorités de la nation. Toutefois, en cas de refus, le requérant peut en appeler à l’assemblée générale de la société. Hâtons-nous d’ajouter que, dans la pratique, il est assez rare que le certificat ne soit pas accordé : un refus ne pourrait être motivé que sur une faute grave dont on craindrait que