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— Qu'est-ce qui ne peut durer ? demanda son mari étonné.

Hélène s'arrêta, la main sur le bouton de la porte.

— Si tu es aveugle, continua la mère s' adressant à M. de Festenburg avec une violence croissante, je vois pour deux, Dieu merci !

— Ceci est vrai, répondit le vieillard, et il bourra flegmatiquement sa pipe.

— Oui, j'ai vu que les choses n'allaient pas comme il convient entre Hélène et cet Italien.

— Ne fait-elle pas de progrès? demanda le père en souriant.

— Au contraire mademoiselle fait des progrès surprenans, ce sont des œillades échangées, des soupirs, des… en un mot cet intrigant…

— De grâce, maman, interrompit la jeune fille, ménagez un homme que ses malheurs doivent rendre respectable…

— Respectable, cet aventurier !

— Je ne demande pas mieux que de respecter M. Scarlatti, si c'est de lui qu'il s'agit, dit à son tour M. de Festenburg ; mais je ne me contenterais pas pour gendre d'un inconnu qui n'a ni feu ni lieu.

— Le mieux sera de le congédier poliment, dit Mme  de Festenburg encouragée par l'approbation de son époux, et de marier cette évaporée au plus vite.

— À M. Aloys ? dit Hélène éclatant de rire. Vous vous trompez, chère maman, je ne consentirai jamais à être la femme de ce sournois.

— Aloys est homme d'honneur, déclara la mère.

— À vos yeux, comme Scarlatti l'est aux miens, vous voyez que nous mesurons très différemment l'honnêteté d'un homme.

— Allons ! allons ! interrompit M. de Festenburg, je suppose que vous ayez toutes deux tort et raison… Prenons le juste milieu.

— Qui est ?…

— Si M. Kochanski…

— Ce don Juan de profession ! s'écria Hélène.

— Qu'en sais- tu ? Il est pour le moins aussi jeune, aussi beau cavalier, aussi honnête homme que ton Italien, et, continua M. de Festenburg en s' adressant à sa femme, pour les qualités d'un bon propriétaire, il vaut bien ton Aloys ; dis donc oui, mon enfant.

— Je dis non ! cria Hélène hors d'elle.

— Non ? répéta le père avec intention pour exciter l'opiniâtreté de cette tête folle.

— Non ! non, mille fois non !

— Réfléchis à la noble existence que tu mènerais, il est installé comme un sultan, il possède une machine à battre…