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corps vivant. Les conditions de la désassimilation fonctionnelle et celles de l’assimilation organique sont également séparées. Les mêmes agens de combustion qui usent l’édifice organique pendant la vie continuent à le détruire après la mort lorsque les phénomènes de régénération se sont éteints dans l’organisme. Il en résulte que tous les phénomènes fonctionnels accompagnés de combustion, de fermentation ou de dissociation organique peuvent s’accomplir aussi bien au dehors qu’au dedans des corps vivans. Grâce à cette circonstance, le physiologiste peut analyser les mécanismes vitaux à l’aide de l’expérimentation. Dans un organisme mutilé, il entretient artificiellement la respiration, la circulation, la digestion, etc., et il étudie les propriétés des tissus vivans séparés du corps. Dans ces parties disloquées, le muscle se contracte, la glande sécrète, le nerf conduit les excitations absolument comme pendant la vie ; toutefois, si les tissus isolés de l’ensemble de leurs conditions organiques peuvent s’user et fonctionner encore, ils ne peuvent plus se régénérer ; c’est pourquoi leur mort définitive devient alors inévitable. Les phénomènes de rénovation organique, contrairement aux phénomènes de combustion fonctionnelle, ne peuvent se manifester que dans le corps vivant, et chacun dans un lieu spécial ; aucun artifice n’a pu jusqu’à présent suppléer à ces conditions essentielles de l’activité des germes, d’être en leur place dans l’édifice du corps vivant.

Si on se fondait sur les différences profondes que nous venons d’indiquer pour assigner dans l’économie un rôle vital indépendant à la combustion et à la régénération organique, on se tromperait grandement, car les deux ordres de phénomènes sont tellement solidaires dans l’acte de la nutrition, qu’ils ne sont pour ainsi dire distincts que dans l’esprit ; dans la nature, ils sont inséparables. Tout être vivant, animal ou végétal, ne peut manifester ses fonctions que par l’exercice simultané de la combustion vitale et de la synthèse organique. C’est sur ce terrain que devront se réunir et se concilier les écoles chimiques et anatomiques, car la solution du problème physiologique de la vie exige leur double concours.


IV.

Nous avons poursuivi le phénomène caractéristique de la vie, la nutrition, jusque dans ses manifestations intimes ; voyons quelle conclusion cette étude peut nous fournir relativement à la solution du problème tant de fois essayé de la définition de la vie. Si nous voulions exprimer que toutes les fonctions vitales sont la conséquence nécessaire d’une combustion organique, nous répéterions ce que nous avons déjà énoncé : la vie c’est la mort, la destruction des