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spéciaux destinés aux combustions fonctionnelles de chacun des élémens de nos tissus ou de nos organes. Lorsque des phénomènes de rédintégration naturels ou accidentels surviennent, lorsqu’un nerf coupé par exemple se régénère et reprend ses fonctions, ce sont encore ces noyaux cellulaires qui, à l’instar du germe primordial dont ils dérivent, se divisent, se multiplient, pour reconstituer chez l’adulte les tissus nouveaux en répétant identiquement les procédés de la formation embryonnaire.

Tous les phénomènes si variés de régénération et de synthèse organiques ont pour caractère distinctif, nous l’avons déjà dit, d’être en quelque sorte invisibles à l’extérieur. Au silence qui se fait dans un œuf en incubation on ne pourrait soupçonner l’activité qui s’y déploie et l’importance des phénomènes qui s’y accomplissent ; c’est l’être nouveau qui en sortant nous dévoilera par ses manifestations vitales les merveilles de ce travail lent et caché.

Il en est de même de toutes nos fonctions ; chacune a pour ainsi dire son incubation organisatrice. Quand un acte vital se produit extérieurement, ses conditions s’étaient dès longtemps rassemblées dans cette élaboration silencieuse et profonde qui prépare les causes de tous les phénomènes. Il importe de ne pas perdre de vue ces deux phases du travail physiologique. Quand on veut modifier les actions vitales, c’est dans leur évolution cachée qu’il faut les atteindre ; lorsque le phénomène éclate, il est trop tard. Ici, comme partout, rien n’arrive par un brusque hasard ; les événemens les plus soudains en apparence ont eu leurs causes latentes. L’objet de la science est précisément de découvrir ces causes élémentaires afin de pouvoir les modifier et maîtriser ainsi l’apparition ultérieure des phénomènes.

En résumé, nous distinguerons dans le corps vivant deux grands groupes de phénomènes inverses : les phénomènes fonctionnels ou de dépense vitale, les phénomènes organiques ou de concentration vitale. La vie se maintient par deux ordres d’actes entièrement opposés dans leur nature : la combustion désassimilatrice, qui use la matière vivante dans les organes en fonction, la synthèse assimilatrice, qui régénère les tissus dans les organes en repos. Les agens de ces deux genres de phénomènes ne sont pas moins différens. La combustion vitale emprunte à l’extérieur l’agent général des combustions, l’oxygène, et à son défaut les fermens dont l’action désassimilatrice peut intervenir dans les profondeurs de l’organisme où l’air ne pénètre pas. La synthèse organisatrice au contraire possède un agent spécial, le germe proprement dit, ou les noyaux de cellules, germes secondaires qui en sont des émanations et qui se trouvent répandus dans toutes les parties élémentaires du