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LA
GUERRE CIVILE
EN AMÉRIQUE

LA CAMPAGNE DU MARYLAND[1]


I. — HARPERS-FERRY.

L’émotion était extrême à Washington après la bataille de Manassas. On peut se figurer quelles devaient être alors les alarmes de ceux qui trois mois auparavant avaient déjà tremblé pour la sûreté de la capitale à la simple nouvelle de la défaite de Banks. Ils pensaient bien que cette fois les confédérés ne renouvelleraient pas la faute qu’ils étaient supposés avoir commise l’année précédente, et qu’ils poursuivraient l’armée vaincue jusque dans les jardins de la Maison-Blanche. En réalité, ces alarmes étaient vaines. Les grands ouvrages élevés par l’armée du Potomac mettaient Washington à l’abri d’un coup de main. Lee n’avait pu suivre, avec le gros de ses troupes, la retraite de Pope. Celui-ci en effet se repliait sur ses dépôts, tandis que l’armée confédérée avait absolument besoin de se ravitailler avant de reprendre l’offensive. Aussitôt que Lee sut l’ennemi campé sous le canon des forts de Washington, il porta ses

  1. L’intéressant récit qu’on va lire fait encore partie des deux nouveaux volumes de l’Histoire de la guerre civile en Amérique par M. le Comte de Paris, qui vont paraître incessamment chez l’éditeur Michel Lévy.