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FLAMARANDE.

l’inquiéter. Je vais continuer ma promenade jusqu’à Lévilie. Dis-lui que j’avais quitté ces braves pet’sonnes trop brusquement, que j’ai senti mon tort et que je vais réparer mon impolitesse. Ce soir je serai à Fiamarande, j’exige que tu ne lui parles pas de ce qui s’est passé entre nous. Je ne veux pas lui en parler, moi, je n’en aurais pas le courage, je veux avoir l’air d’ignorer tout. Je lui dirai que je m’ennuie en Auvergne, et que, ne pouvant reparaître à Paris, j’ai besoin de voyager encore ; elle y consentira, et je partirai sans l’effrayer. Pendant mon absence, elle s’occupera de régulariser ta position, et tous ces détails, toutes ces explications que je redoute, seront terminés quand je reviendrai. Je n’aurai plus qu’à accepter les faits accomplis, et je les accepterai bravement, je te le jure. C’était là mon intention quand j’ai quitté ce matin Flamarande. J’y persiste, mais je conviens que c’était trop brusque, et qu’à cause du cheval que j’ai eu la bêtise de prendre il eût été difficile de lui cacher que j’étais venu.

« — Non, il sera très facile de le lui cacher. Je n’ai dit qu’à ma mère Suzanne hier soir que tu étais arrivé par la fenêtre. Elle est la discrétion même ; elle se taira. Charles et Ambroise savent seuls que tu as pris le cheval. Je dirai à Michelin qu’il était déferré et que je l’ai amené ici, la bête étant un peu blessée et l’aubergiste étant le meilleur maréchal du pays. Tout s’arrangera sans que ta mère ait la moindre inquiétude, autrement elle devinerait ton chagrin quand tu lui diras tes projets de voyage. Moi, j’espère que tu y renonceras avant de lui en parler, et dans tous les cas j’ai la certitude de t’y faire renoncer quand tu seras tout à fait calme. Je ne t’ai pas dit tout ce que j’ai encore à te dire.

« — J’en ai assez à présent, me dit-il en essuyant ses yeux tout rouges de larmes, remmène le cheval. J’irai à pied à Lévilie, c’est tout près. J’y déjeunerai, j’y dînerai peut-être, si je ne m’y ennuie pas trop. En tout cas je serai à Fiamarande avant le coucher du soleil, et j’y serai maître de moi, je l’espère.

« Là-dessus, il me serra les mains et je le laissai partir, voyant qu’il avait besoin en effet de se raisonner encore, et qu’il ne fallait pas lui en demander trop tout d’un coup. »

LXXIV

Quand Gaston eut fini son récit : — Et à présent, lui dit Salcède, qu’allons-nous faire ? Ci’ois-tu qu’il soit réellement retourné à Léville ?

— Je l’ai suivi des yeux. Tant que j’ai pu le voir, je l’ai vu dans la direction de Lévilie, marchant comme un homme qui va droit à son but.