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FLAMARANDE

DERNIÈRE PARTIE[1].

LXXIII.

Espérance était certainement le seul qui pût rejoindre et ramener Roger, car je ne croyais nullement à une fantaisie de promenade nocturne. Je courus à la chambre de Roger, espérant y trouver une lettre. En effet, il y en avait une à mon adresse, « Ne dites pas à ma mère que je suis venu à Flamarande, personne ne m’y a vu que vous trois ; dites-lui que je pars pour un voyage de distraction et d’agrément. Je resterai absent un mois ou deux, qu’elle ne s’inquiète pas.

« J’exige qu’elle ne sache rien de ce qui s’est passé hier soir. J’ignore tout ; elle agira comme elle l’entendra. Je me conformerai à sa volonté, quelle qu’elle soit. — Roger. »

Plus de doute, le pauvre enfant avait deviné le vrai motif de l’exil de Gaston, et il partageait l’erreur de son père, la mienne ! J’avertis Ambroise du silence qu’il devait garder jusqu’à nouvel ordre. Je l’engageai à se remettre au lit et me disposai à retourner auprès de M. de Salcède pour l’informer et aviser avec lui de ce que nous aurions à dire à la comtesse, si ses fils ne rentraient pas dans la matinée.

Je rencontrai M. de Salcède dans l’espélunque. Il parut moins inquiet que moi. Gaston apaisera son frère, me dit-il. En tout cas, il le ramènera. Allons à leur rencontre. J’ai la pièce que vous m’avez remise et qui mettra fin à tout débat.

Nous partîmes du souterrain pour prendre le sentier par où les

  1. Voyez la Revue du 1er, 15 février, 1er et 15 avril.