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des finances. Les tirages annuels l’ont réduite à un solde de 23 millions 1/2 de francs, et elle s’éteindra complètement aussi en 1880.

Cette situation financière, avec un gouvernement stable et ménager des deniers publics, n’a rien d’inquiétant. L’ordre et l’économie peuvent même la rendre excellente. Aussi le pays s’est-il rassuré. Les obligations rurales par exemple, qui en 1865, sous la pression de l’atmosphère orageuse du temps, ne pouvaient s’escompter qu’avec une perte de 50 pour 100, sont aujourd’hui au-dessus du pair, et les obligations domaniales, émises au cours d’environ 75, ont également dépassé le pair en 1874, bien que cette valeur, constituant avec la précédente toute la dette intérieure, ne rapporte plus effectivement ainsi que 8 pour 100. L’émission du nouvel emprunt se fera à 5 pour 100. Jamais en Roumanie le cours de la rente n’a été plus élevé, et il pourra s’élever encore, si l’on prend pour règle la stricte observance de tous les engagemens contractés et pour maxime de ne recourir à de nouveaux emprunts que pour l’exécution de travaux d’utilité publique indispensables ou véritablement productifs.

L’avenir de la Roumanie est surtout dans ces progrès moraux et matériels auxquels il faut tendre, et que l’on arrive à réaliser par une application calme, réfléchie et soutenue. C’est en persistant dans cette voie qu’elle s’assurera le mieux l’appui et les sympathies que lui promet tout raffermissement de la solidarité des intérêts européens. Que son gouvernement termine donc ce qui reste à faire pour couronner l’œuvre des entreprises fécondes dont l’ère a commencé pour le pays avec l’avènement du prince Charles; mais aussi qu’il ne se laisse pas détourner de la poursuite des améliorations non moins désirables dans l’instruction publique, dans la législation, l’administration intérieure et l’organisation judiciaire. Dans l’ordre matériel, de bonnes voies de communication et de transport, un système de canalisation et d’irrigation bien entendu, un régime plus favorable à la colonisation, plus d’aisance et de besoins avec plus d’instruction et de lumières dans la masse du peuple, des établissemens de crédit assez largement pourvus de capitaux pour donner un puissant appui à l’agriculture, à l’élevage du bétail et à l’industrie, voilà ce qui suffirait à ce pays, richement doté par la nature, pour devenir un des plus florissans de l’Europe.


CH. VOGEL.