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Le commerce extérieur de la Roumanie ne saurait encore être qu’un échange de produits agricoles, de céréales principalement et de graines oléagineuses, auxquels vient s’ajouter le sel de l’état, contre des articles de manufacture de toute sorte et des denrées coloniales ou de luxe. Le transit n’est encore qu’à l’état naissant. Dans le cours de la période triennale 1870-1872, les exportations ont varié entre près de 159 et 172 millions 1/2 de francs, les importations entre 72 1/2 et 90. Les maxima appartiennent à l’année 1871. Nous ne répondrions pas cependant de la parfaite exactitude de ces chiffres, les déclarations de valeur pour la perception des droits étant le plus souvent trop basses. Il faut dire toutefois qu’en dehors de la douane les municipalités aussi frappent les marchandises dans les ports roumains de taxes dont le prélèvement a souvent donné lieu à des contestations avec les négocians et consulats étrangers.

Les principaux débouchés de la Roumanie à l’étranger sont, par ordre d’importance, la Turquie, l’Autriche, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Russie, les principaux pays importateurs l’Autriche d’abord, puis la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, seulement ensuite la Turquie, la Russie, l’Italie, etc. En 1872, il est sorti de la bouche de Sulina environ 3,720,000 quarters de céréales, dont 1,003,300 en froment, 1,071,500 en maïs et 1,247,500 en orge, le reste en seigle, farine, etc. Le quarter répond à près de trois hectolitres, et la totalité de ces envois représentait une valeur de 125 à 135 millions de francs. De plus l’Autriche seule avait reçu la même année de la Roumanie pour une trentaine de millions de francs de grains. Les objets secondaires de l’exportation sont, après le colza, le sel, les laines, les bois et les douves, le tabac en feuilles, l’huile et l’eau-de-vie, le bétail, les porcs et les chevaux, les peaux brutes et tannées, le suif et la graisse, les soies de porc, la cire et le goudron, les conserves et viandes salées (pour l’Angleterre, la Turquie et la Hongrie), le pétrole (aussi pour la Turquie comme le sel), de la graine de ver à soie et de la soie grège.

Le commerce avec l’Autriche est le plus important. Il se fait en majeure partie par la frontière de terre ou par le Danube, comme aussi le trafic avec les provinces turques, et représentait dans l’ensemble en 1872 une valeur de 72 millions de francs, dans lesquels ses achats l’emportent de 5 millions 1/2 sur ses envois, ce qui peut faire juger du grand intérêt de l’Autriche à mettre et entretenir sur un bon pied, par des négociations directes, ses rapports d’échange avec l’état voisin. De la Turquie, à laquelle les ports roumains ont envoyé pour plus de 58 millions de francs de produits, ils n’en ont reçu que pour 5 millions. Les échanges avec la Grande-Bretagne d’une quarantaine, et avec la France d’une trentaine de millions, où la Roumanie figure également comme exportant plus