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viennent de la Transylvanie, ceux-là de la Bukovine. L’Olt, impétueux et romantique, sépare la Petite-Valachie de la grande. Le Pruth a une longueur de plus de 400 kilomètres; de petits bateaux à vapeur le remontent jusqu’à Sculéni au nord d’Iassy, des barques jusqu’à la frontière septentrionale. Le Séreth et parmi ses tributaires la Bistritza se prêtent au flottage des bois et de radeaux chargés de céréales. Aucune des autres rivières n’est encore utilisée pour le transport, mais presque toutes pourraient être rendues navigables. Le système fluvial de la Roumanie se trouve complété par une multitude de petits cours d’eau qui s’échappent de toutes les vallées. La violence des eaux lors des crues et les débordemens qui s’ensuivent rendent très difficiles l’établissement et la conservation des ponts, que l’on construit aujourd’hui généralement en fer; aussi le plus souvent est-on encore réduit à passer les rivières à gué. La Roumanie n’en est pas moins, pour la distribution parallèle de ses cours d’eau, un des pays les plus favorisés par la nature, car, pour peu qu’on les reliât entre eux par des tranchées facilement praticables, toute la plaine se trouverait, comme le royaume de Valence et la Lombardie, dotée d’un magnifique système d’irrigation et de canaux. Quant à présent, n’étant pas utilisées, les rivières de la Vala- chie n’ont encore pour elles que l’attrait d’une beauté sauvage dans leur cours à travers les montagnes. A cet égard, les Carpathes ne le cèdent aux Alpes que par l’absence des glaciers et des lacs.

Le sol de la Roumanie se partage en trois régions. La première, celle des montagnes, est presque exclusivement occupée par les forêts, outre qu’elle offre des ressources minérales considérables; la seconde, celle des coteaux, est caractérisée par la prédominance des vignobles et des vergers, la troisième enfin, celle des vastes plaines qui s’étendent jusqu’au Danube, par la grande culture et les pâturages secs. C’est dans cette dernière région et dans les vallées d’une certaine largeur que domine la terre noire ou grise, humus profond et très perméable de près d’un mètre d’épaisseur, qui ne se retrouve avec cette abondance que dans la Russie méridionale, et à laquelle les contrées qui en sont recouvertes doivent leur fertilité tout exceptionnelle. Il n’y a d’ailleurs en Roumanie que peu de terres d’une stérilité complète; même les terrains sablonneux y contiennent assez de substances organiques pour produire.

Les montagnes offrent de l’argile, de la marne, du sable, du grès, du gypse, toute espèce de pierres, sur la rive droite de l’Olt même une grande variété de marbres, du soufre, des lignites, du sel à profusion. Parmi les métaux, on a constaté en Roumanie l’existence de l’or, notamment dans l’Olt, l’Argisch et leurs affluens, ainsi que celle de l’argent, du mercure et du cuivre, du fer, du plomb, du cobalt et de l’arsenic. Il y a de la houille et du lignite à fleur de terre