De la rive gauche ou roumaine du Danube, entièrement plate et plus basse que la rive droite ou bulgare, la plaine remonte par une pente très douce jusqu’au pied des montagnes, dont la première ligne, en grande partie couverte de vignobles, se tient presque généralement à des distances à peu près égales du fleuve. Rien de plus régulier que la disposition de toute cette partie de la vaste chaîne des Carpathes, les cours d’eau qui s’en échappent et vont joindre le Danube suivant généralement la direction du nord au sud avec plus ou moins d’inclinaison vers l’est. En examinant les rapports hydrographiques de la Roumanie, on est frappé de la grande similitude du bassin qu’elle occupe avec celui du Pô : c’est le royaume lombard-vénitien sur une plus grande échelle.
Le Danube, resserré dans le Banat entre deux lignes de montagnes et de rochers, souvent presque perpendiculaires, qui bordent en zigzag un lit hérissé de récifs et d’écueils, dont on voit percer de tous côtés les dentelures écumeuses, offrirait d’abord sans cela l’aspect d’un lac alpestre, plutôt que celui d’un fleuve; mais, après avoir franchi tous les obstacles, il s’élargit beaucoup. Cependant la largeur en est encore très variable à cause du grand nombre d’îles qui le divisent du côté de la Roumanie : elle dépasse en certains endroits 4 et 5 kilomètres avec une profondeur de 6 à 20 mètres. Dans la zone d’inondation du fleuve se trouvent nombre de lacs (baltas) très poissonneux. Comme on ne redoute plus les incursions des Turcs, c’est à la crainte des débordemens du Danube qu’il faut attribuer l’état désert d’une grande partie de la rive valaque.
Le delta du Danube se partage entre les trois branches de Kilia, de Sulina et de Saint-George. Le passage de grande communication des ports du fleuve avec la Mer-Noire, c’est le bras du milieu dit de Sulina. La commission européenne du Danube, instituée en 1856, a fait disparaître les ensablemens qui entravaient la navigation, en y faisant exécuter des travaux qui ménagent aux bâtimens de mer une profondeur suffisante jusqu’à son embouchure. Par le traité de Londres du 13 mars 1871, cette commission a été maintenue pour douze années encore, et la neutralité des travaux qu’elle a déjà faits ou dont elle poursuit l’achèvement déclarée permanente. Formant une représentation commune par délégués des sept puissances signataires du traité de Paris, et résidant à Galatz, elle a certains pouvoirs souverains sur tout le delta. Elle y exerce la police, arrête et publie des règlemens, lève des impôts, peut contracter des emprunts et disposer comme elle l’entend de ses ressources pour les travaux qu’elle ordonne.
Parmi les nombreux affluens du Danube, il faut signaler comme les plus importans le Pruth et le Séreth, la rivière de Galatz, en Moldavie, — l’Olt et le Jiul, le plus occidental, en Valachie. Ceux-ci