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par la loi, le sénat académique, composé des professeurs titulaires; mais, pour toutes les relations que le corps enseignant entretient avec les pouvoirs publics, les curateurs jouent le rôle d’intermédiaires obligés et autorisés. Le premier président de ce collège fut ce Janus Dousa qui avait tant contribué au salut de la ville; populaire en Hollande comme politique et comme soldat, il était connu comme érudit dans toute l’Europe; par sa correspondance et ses rapports avec les savans étrangers, il fit beaucoup pour attirer à Leyde des maîtres illustres et de nombreux élèves. Ses traditions ont toujours été suivies ; les hommes les plus importans de la république des Provinces-Unies, puis du royaume des Pays-Bas, ont toujours tenu à grand honneur de remplir ces fonctions. L’influence qu’ils avaient acquise dans les plus hautes charges de l’état a profité aux intérêts qui leur étaient confiés; bien souvent, quand le budget académique ne suffisait pas à des dépenses que paraissait réclamer l’honneur de l’université, ils n’ont pas attendu que les états de Hollande eussent accordé les fonds nécessaires : ils ont mis leur fortune privée au service de la science et de ses progrès. Il n’est pas de haut enseignement possible sans une riche bibliothèque; élèves ni professeurs surtout ne sauraient s’en passer. Guillaume d’Orange l’avait compris; ce fut lui qui donna les premiers livres. Grâce au zèle des curateurs et à leurs sacrifices, aux dons et aux legs des professeurs, ce premier fonds s’augmenta assez vite pour qu’il fallût bientôt attribuer à la bibliothèque un édifice spécial ; un autre couvent sécularisé la reçut dans ses murs et l’abrite encore aujourd’hui. Quand avec les années se développa l’enseignement des sciences physiques et naturelles, quand il fallut des collections, des instrumens souvent très coûteux, des laboratoires, les bons offices des curateurs mirent aux mains des maîtres tout cet appareil nécessaire de la recherche et de la découverte scientifique. Grâce à leur intervention, les états-généraux, ordines Hollandiœ, comme on dit dans la langue du temps, se montrèrent toujours libéraux et même prodigues pour l’université de Leyde; au cœur même de la guerre, qui eut encore, avant la paix de Munster et la consécration solennelle de l’indépendance batave, ses redoutables accidens et ses fortunes diverses, ils accordèrent les plus larges subsides. La Hollande contemporaine est paisible, riche et prospère: mais les députés du royaume sont moins généreux que leurs ancêtres pour la science et pour ceux qui la cultivent. Ce ne sont pas les contemporains de Guillaume d’Orange et de Barneveld qui auraient laissé le musée d’antiquités de Leyde dans le local où il étouffe aujourd’hui. Malgré toutes les réclamations de son savant et zélé conservateur, M. Leemans, on n’obtient rien; faute