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qu’il n’ait de nombreux ennemis, parmi lesquels figurent déjà, avec les républicains demeurés fidèles à leurs regrets, avec les radicaux qu’on a toujours contre soi quand on ne se livre pas à eux, tous les aventuriers qui n’ont pas trouvé leur compte à la restauration, tous les fonctionnaires qui ont perdu leur place, tous ceux à qui on a refusé de l’avancement, tous les généraux jaloux des honneurs décernés aux promoteurs du dernier pronunciamiento. Il est appelé à gouverner un pays où les ambitions sont dévorantes, où aucun parti ne reste longtemps sous le coup de sa défaite, où les revanches sont tenues pour infaillibles, un pays où la mobilité des imaginations égale la violence des passions, où les mécontentemens se propagent et se coalisent avec une facilité qui tient du miracle. Puisse-t-on lui avoir enseigné aussi que, si l’Espagne a le goût et le talent des conspirations, ses rois, atteints de la contagion universelle, ont souvent pris plaisir à ourdir des complots contre leurs ministres, et qu’à la longue c’est une manière de conspirer contre soi-même !


ESSAIS ET NOTICES.

ENQUÊTES INDUSTRIELLES.
Le Fer et la Houille, par M. Louis Reybaud, de l’Institut ; Paris 1878. — La Houille ou l’Exploitation des houillères en Angleterre, par M. Warington W. Smith, traduction de M. Gustave Maurice ; Paris 1874.


M. Louis Reybaud a reçu de l’Académie des Sciences morales et politiques la mission d’étudier le régime de nos manufactures. Il a examiné successivement les industries de la soie, du coton et de la laine ; sa dernière étude traite du fer et de la houille. Cet ensemble de travaux fait connaître dans tous ses détails la France industrielle, les progrès de la production, l’organisation des grandes usines, la condition matérielle et morale des populations ouvrières. Que de changemens introduits dans nos fabriques depuis cinquante ans ! L’industrie s’est transformée, le travail des bras a été remplacé par celui des machines ; aux modestes ateliers ont succédé de vastes établissemens dont la production atteint des chiffres énormes. S’il n’était résulté de cette révolution qu’un accroissement de produits, la statistique aurait suffi pour le constater en indiquant avec plus ou moins de précision les résultats qui sont dus aux découvertes de la science, au meilleur emploi des forces de l’homme, à la réforme des lois intérieures ou internationales qui régissent le mouvement des échanges ; mais il y a autre chose dans cette transformation.