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n’était pas atteint par l’augmentation des revenus publics, et si le législateur ne croyait pas devoir recourir à de nouveaux impôts, la somme nécessaire pour couvrir le déficit serait prélevée sur ces 150 millions. — Une somme importante resterait encore pour être appliquée soit au développement des travaux publics, soit au dégrèvement des taxes les plus nuisibles à la circulation et à la richesse publique. Voilà pour le présent. Pour l’avenir, au bout de cinquante-sept ans, nous voyons l’emprunt 21/2 amorti et le budget des dépenses allégé de 50 millions, puis, un certain nombre d’années après, l’état réunir l’usufruit à la nue propriété des chemins de fer, et le budget s’enrichir d’un revenu annuel que j’ai estimé, d’après des calculs modérés, à 600 millions.


J’ai achevé la tâche que je m’étais imposée ; j’ai cherché à mettre en évidence l’importance des richesses que le système adopté en France pour les chemins de fer, à l’opposé des pays où les concessions sont perpétuelles, réserve à l’avenir de nos finances ; j’ai démontré que, l’avenir étant si riche, il est permis, même aux plus prudens, de ne pas surcharger le présent et de renoncer à l’amortissement annuel de la dette publique, cet amortissement s’effectuant par voie de compensation, d’une manière latente, il est vrai, mais néanmoins très réelle. En résumé, la Banque remboursée dans le délai voulu (200 millions par an), et l’emprunt Morgan converti au moyen de l’emprunt proposé, le budget se trouve présenter un excédant important (150 millions), qui s’accroîtra de 50 millions dans cinquante-sept ans et de 600 millions dans soixante-quinze ou quatre-vingts ans.

En des temps plus heureux, M. Guizot a dit : « La France est assez riche pour payer sa gloire ; » nous ne craignons pas de dire aujourd’hui, dans notre rôle modeste de simple économiste : La France est assez riche pour payer ses fautes et se relever de ses malheurs.


FRANÇOIS BARTHOLONY.