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variés, les tapis du Pendjab, les soieries brodées de Delhi, les cotonnades de Nagpore, l’ébénisterie de Bombay, les belles mousselines de Dacca, tinrent une place distinguée même au milieu des plus merveilleux produits de l’industrie européenne. Le métier natif, loin de disparaître devant l’importation anglaise, soutient vaillamment la lutte, et conservera longtemps encore sans doute sa supériorité pour les articles de première qualité : tissus de laine ou de coton, broderies à la main, etc. Cette résistance de l’industrie locale montre clairement qu’une grande partie des produits bruts sont consommés dans le pays ; aussi des tableaux statistiques des relations commerciales de province à province formeraient-ils un chapitre intéressant de l’histoire économique du domaine anglo-indien. Malheureusement ces travaux sont encore à l’état d’enfance et n’existent que par exception. Ainsi l’on sait que dans le Pendjab la valeur des exportations et des importations se balance presque complètement. Des calculs approximatifs évaluent à 350 millions de francs le commerce extérieur des provinces centrales. Des manufactures montées sur une vaste échelle et munies des appareils les plus perfectionnés ont depuis quelques années considérablement ajouté à la production indigène. Il existe 19 établissemens pour la filature et le tissage du coton dans la présidence de Bombay, dont 11 dans la ville même. Ces derniers comptent 404,000 broches, 4,294 métiers et 19 machines à vapeur. Parmi les autres grands établissemens de l’industrie anglo-indienne, il faut citer l’Elgin cotton spinning and weawing Company à Cawnpore, la Goosey cotton mills Company dans les environs de Calcutta. Notons aussi dans la seule présidence de Bombay 153 presses à la vapeur brevetées et 287 presses à la main pour presser les balles de coton. On a déjà eu occasion de mentionner les moulins pour le nettoyage du riz créés depuis quelques années à Calcutta et dans les deux ports de la Birmanie anglaise, Rangoun et Moulmein.

La valeur des marchandises importées dans les grands ports de l’Inde en 1871-72 s’élève, sans y comprendre les métaux précieux, à 777 millions de francs, soit une augmentation de près de 250 millions sur l’année 1862-63. Les grands faits économiques qui se sont produits dans l’Inde ont laissé leurs traces dans le document statistique décennal. Les progrès de l’industrie locale, l’achèvement du réseau ferré anglo-indien, se traduisent par le développement des importations en machines, fers en barres ou ouvrés ; à l’accroissement de l’armée européenne et de la population blanche correspond une augmentation sensible de la consommation des vins. Il faut spécialement signaler la progression croissante des importations en cotons filés et tissus, qui dans le dernier exercice atteignent le