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rivait au port d’embarquement qu’avec de longs retards, frappé de Commissions multiples, de frais de route écrasans, et souvent après avoir subi de coupables adultérations.

L’achèvement du réseau des chemins de fer indiens a porté remède à cet état de choses en permettant au commerce européen de traiter directement par ses agens avec le fermier natif, au plus grand bénéfice de ce dernier. Enserré jusque-là dans les griffes de l’usurier de village, le producteur trouvait difficilement, quels que fussent ses labeurs et l’abondance de sa récolte, à solder le loyer de ses terres et à rembourser des avances, dont les intérêts s’élevaient en moyenne à 36 pour 100. En contact désormais avec les représentans des négocians de Bombay, ou de Calcutta, il ne vend plus ses produits qu’à beaux deniers comptans et à des prix rémunérateurs ; aussi dans certains districts, suivant la phrase pittoresque d’un document officiel, après la vente de la récolte, les bijoutiers ne sont plus assez nombreux pour convertir en ornemens les métaux précieux qui affluent dans le pays. Les chemins de fer n’ont pas moins contribué à l’amélioration de la qualité des cotons indiens. Les balles qui restaient sur la route pendant de longs voyages, exposées à toutes les intempéries des saisons, parviennent aujourd’hui au port d’embarquement en moins de jours qu’il ne leur fallait de mois, il y a quelques années, pour être rendues à destination, et avec des frais de transport bien moins élevés.

En 1867, les terres consacrées dans l’Inde à la culture du coton représentaient 8 millions d’acres. En 1871-1872, pour la seule présidence de Bombay, ce chiffre s’élève à près de 3 millions d’acres. La valeur totale des exportations en coton des ports de l’Inde atteint 530 millions de francs, et représente un poids brut d’environ 400 millions de kilogrammes. Le port de Bombay tient, pour cet article, la tête dans la lutte des grands ports indiens, et entre dans ce total pour 370 millions de francs, celui de Calcutta pour 100 millions. Ce qui prouve que le développement de la culture du coton dans l’Inde n’a pas dit son dernier mot, c’est que l’exportation en 1871-1872 est presque le double de ce qu’elle était à la première année de là période décennale, et dépasse le maximum atteint aux jours les plus sérieux de la crise américaine ; mais, si l’on veut avoir une idée complète des progrès de l’agriculture indienne, il faut remonter à une époque plus éloignée : en 1852-1853, l’exportation dépassait à peine 100 millions de kilogrammes ; elle a donc presque quadruplé en vingt ans.

Les expositions universelles de Londres et de Paris, plus récemment celle de Vienne, ont révélé au public européen la variété et le nombre des produits fabriqués de l’Inde. Les châles, les lainages