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Les Progrès matériels
de l’Inde anglaise


L’Inde n’a jamais été et ne sera jamais pour l’Angleterre une colonie dans le sens absolu du mot ; jamais les enfans de la race anglo-saxonne ne peupleront les deltas du Gange et de l’Indus. La nature de ses puissantes mains a posé à cette occupation des barrières infranchissables ; si les hommes faits perdent leurs forces sous le climat délétère de l’Inde, l’action en est encore bien plus puissante sur les enfans ou les adultes. Aussi n’est-il pas de famille un peu aisée de la communauté européenne dont les enfans ne soient embarqués pour la mère-patrie au plus tard vers l’âge de trois ou quatre ans. Les moyennes de mortalité des enfans de régiment, les seuls rejetons de race blanche qui s’élèvent dans l’Inde, expliquent assez ces séparations prématurées, mais nécessaires. Le domaine asiatique de la Grande-Bretagne ne sera jamais pour ses maîtres européens qu’une conquête où ils ne pourront maintenir leur pouvoir qu’en conservant les supériorités physiques et morales de leur race sur les races asiatiques. Il n’en est pas moins indispensable pour l’Angleterre de développer les immenses ressources de son empire d’outre-mer, et l’on va essayer ici de donner une idée des progrès qui se sont accomplis dans l’Inde pendant ces quinze dernières années.

Ce n’est en effet que récemment que les intérêts matériels ont préoccupé le gouvernement de l’Inde. Depuis le commencement du siècle jusqu’à l’annexion du Pendjab (1849), les représentans de l’honorable compagnie, voués tout entiers aux questions de politique extérieure, ambition ou nécessité, n’avaient accordé que peu de soin au développement des richesses du pays. L’administration énergique et éclairée de l’illustre marquis de Dalhousie inaugura