Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 7.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Vous ne sauriez croire quelle influence ont les fleurs sur l’éducation de mes jeunes élèves, me dit M. Calder ; ils sont si heureux de recevoir une fleur, une plante ! Ils portent la fleur à leur mère, cultivent la plante chez eux. » Le directeur mit le comble à son gracieux accueil en faisant préparer pour ses visiteurs inattendus le lunch de rigueur ; nous nous assîmes avec plaisir à cette table si délicatement hospitalière. Je jetai en partant un coup d’œil sur le registre de la veille. Une centaine d’enfans étaient venus coucher dans la maison, la plupart y avaient pris aussi leur repas ; environ les trois quarts avaient payé.

L’école de Rivington-street, comme école de jour, est dite École industrielle du 13e ward. Dans ces sortes d’établissemens que la Société protectrice a institués au nombre de 21, on essaie d’apprendre un métier aux petits garçons en les envoyant en apprentissage, en leur mettant quelques heures par jour le rabot ou la lime à la main. Pour les jeunes filles, le travail manuel est tout trouvé : c’est la couture, le crochet, la broderie, la tapisserie, que leur enseignent des maîtresses diligentes et zélées. Cela vaut mieux que ce que l’on tente dans les work-houses, où il est rare que les vagabonds travaillent de gaîté de cœur. Dans le logis spécialement établi pour elles, on donne aussi aux petites filles des leçons de machine à coudre et de service domestique, on leur apprend à conduire un ménage, et l’on arrive à former en peu de temps des couturières et des servantes expertes. Les enfans qui fréquentent les écoles industrielles ne sont pas les mêmes que ceux des logis. Ceux-là ont une famille, mais sans nulle ressource ; on leur donne un petit repas à midi, on leur fait cadeau de quelques vêtemens, s’ils se conduisent bien. L’école industrielle remplace pour eux l’école de quartier, où ils n’oseraient point se présenter sous leur humble défroque, et qu’on ne leur permettrait pas d’ailleurs de fréquenter quelques heures seulement comme la première ; or ces pauvres enfans ne peuvent rester tout le jour à l’école, il faut bien aller gagner aussi sa vie dans la rue ou aider les parens à la maison.

Nous n’avons pas encore parlé des écoles de nuit proprement dites ; elles sont au nombre de dix, non compris celles des logis. Là viennent surtout les enfans occupés tout le jour dans des boutiques, des manufactures, ou ceux qui exercent un métier de rue, mais dont tous ont leurs parens et couchent chez eux. Rien de plus touchant que leur vif désir d’apprendre ; il en est qui négligent leur souper pour ne pas manquer leur leçon.

Les meetings du dimanche sont plus florissans que jamais. Des leçons de morale et de religion continuent à y être données aux enfans, et les meetings ont lieu le soir dans les logis et les écoles. On