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plus que jamais entrés en scène, revendiquant le provisoire à leur profit, et il s’est trouvé que cette prétendue majorité du 20 novembre qu’on avait cru se concilier, qu’on s’était flatté de maintenir en lui sacrifiant pour le moment les lois constitutionnelles, a été depuis, du moins en partie, l’ennemie la plus acharnée de toute organisation. Ce qui est résulté de cette incertitude maintenue par un expédient peu prévoyant, c’est écrit dans le désordre parlementaire de toute une année, dans les propositions équivoques de la commission des trente, dans ce travail subtil où s’égarent obstinément les esprits à la recherche de lois constitutionnelles qui soient aussi peu que possible des lois constitutionnelles. On est arrivé sans le savoir à créer ce chaos où des hommes qui ont certainement l’intention d’être sérieux ont passé leur temps à édifier des projets sur des pointes d’aiguilles, sur toutes ces distinctions merveilleuses entre le personnel et l’impersonnel, entre la république septennale et la république définitive, entre la révision facultative et la révision obligatoire. Et voilà la politique qui nous a été faite ! Voilà sous quels auspices se sont ouvertes ces discussions récentes nécessairement condamnées à se ressentir des incohérences qui les ont préparées et compliquées, des passions de partis qui s’amassent depuis un an au sein d’une assemblée livrée à toutes les divisions intérieures sans direction et sans guide.

La manière même dont s’ouvraient ces débats révélait les préoccupations, les confusions d’esprit qui existaient, les conflits qui allaient partager l’assemblée, et la rédaction des projets, au moins du projet principal, celui de M. de Ventavon, n’était pas de nature à simplifier la situation. A vrai dire, c’était une question mal posée dès le début, laborieusement engagée. Si l’on voulait enfin agir sérieusement après plus d’une année d’attente, à quoi servait de commencer par battre les broussailles, de se jeter dans toute sorte de discussions oiseuses sur la priorité, sur des disjonctions plus ou moins calculées ? Évidemment cette priorité dont on a fait une affaire n’était rien. Ces lois constitutionnelles, entre lesquelles on a paru un moment établir une sorte d’antagonisme ou de distinction, sont inséparables ; elles ne marchent pas l’une sans l’autre, elles sont destinées à offrir au pays une organisation d’ensemble, ou elles n’ont aucune valeur, elles tombent d’elles-mêmes. C’était peine perdue de faire de la stratégie et de livrer des escarmouches dans ces préliminaires inutiles. Reste la question de fond, qui est apparue dès la première lecture, et qui à une seconde lecture vient de faire un pas décisif en contraignant toutes les politiques à se dévoiler et à se préciser dans un vote qui est peut-être le commencement de la solution, qui dans tous les cas, s’il est maintenu jusqu’au bout,.modifie singulièrement le caractère du projet auquel M. de Ventavon a mis son nom. La discussion n’est point épuisée sans doute ; jusqu’ici elle a été