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quelques erreurs de goût, certaines expressions emphatiques et forcées ; mais il s’agit d’amour, et l’hyperbole est permise aux amoureux. De tout cela, on ne saurait conclure à une œuvre de premier mérite : l’auteur lui-même n’y prétendrait pas ; ce qu’il en reste du moins, c’est le souvenir d’une lecture amusante et de quelques heures agréablement passées.


L. LOUIS-LANDE.



La Province de Smyrne, par M. Charles de Scherzer, traduit de l’allemand par M. F. Silas ; Vienne 1873.

En présence de la pénurie des renseignemens officiels sur la situation matérielle des provinces de l’empire ottoman, plus d’une fois des en quêtes ont été entreprises par les agens diplomatiques et les consuls accrédités en Turquie. Les rapports publiés en 1871 par le foreign office de Londres renferment des détails précieux notamment sur la condition peu enviable des classes ouvrières dans les pays du Levant, et jettent une vive lumière sur l’état social et politique des contrées soumises à la Porte. En 1872, à l’occasion de l’exposition universelle de Vienne, le gouvernement autrichien invitait à son tour, ses agens consulaires à lui transmettre des rapports circonstanciés sur la situation économique de la Turquie. On espérait que cette enquête, en faisant mieux connaître les besoins et les ressources des populations de cet important empire, contribuerait à développer les relations commerciales entre la Turquie et l’Autriche-Hongrie. Nous avons sous les yeux le rapport fourni par le consul-général d’Autriche à Smyrne, M. Charles de Scherzer ; c’est un fort volume accompagné de cartes et de tableaux géographiques, qui nous renseigne de la manière la plus précise non-seulement sur les ressources matérielles de l’Asie-Mineure, mais encore sur l’état intellectuel de ces pays. L’important ouvrage où M. de Scherzer avait résumé les résultats statistiques et commerciaux de l’expédition de la Novara, et qui a été apprécié ici-même[1], le désignait à l’avance pour une pareille tâche. Sans être proprement d’une lecture attrayante, son ouvrage est fort instructif par les détails très complets qu’il donne sur les produits de toute sorte, sur le commerce d’exportation et d’importation, l’agriculture, les voies de communication, l’administration politique et judiciaire, les finances, l’instruction publique, l’état sanitaire du vilayet. Il signale bien des maux, bien d ! es abus dont il réclame la réforme ; malheureusement ceux qui connaissent l’Orient savent que de pareilles réformes sont plus faciles à désirer qu’à obtenir.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.

  1. Voyez, dans la Revue du 1er janvier 1868, l’étude de M. de Laveleye sur cette expédition.