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immédiatement négociée à 85 1/2 pour 100, sous forme de bons du trésor exempts d’impôts, produisant 6 pour 100 d’intérêt et remboursables par séries au plus tard le 1er décembre 1878. Un syndicat, à la tête duquel se trouvaient MM. de Rothschild, de Wodianer et de Bleichröder de Berlin, prit ferme la totalité des bons à 84,17 pour 100, et la revendit au public à 89, au moyen d’une souscription qui la couvrit deux fois. La seconde moitié vient d’être émise à la fin de 1874 par les soins du même syndicat et avec le même succès. Cette fois la cause de l’émission est la nécessité de couvrir les déficits permanens du trésor. La seconde partie de ces bons sera remboursée un an plus tard que la première. La totalité charge le budget d’un service annuel de près de 23 millions. Cette création de bons, qui devrait plutôt s’appeler un emprunt à court terme, donnera très certainement lieu à une consolidation ou à une conversion en rentes à plus longue échéance ; mais la Hongrie doit s’attendre, en raison du caractère perpétuel de la dette, à des conditions bien autrement onéreuses que le taux actuel des obligations à terme, à moins qu’elle ne soit parvenue à diminuer notablement ses dépenses ou à augmenter ses recettes dans une plus forte proportion.

Le service de la dette consolidée et de la dette flottante, qui atteint bien près de 200 millions, et les 75 millions de dépenses communes avec l’Autriche composent près de la moitié des dépenses de la Hongrie. Dans le surplus, quelques-unes attirent particulièrement l’attention : nous reconnaissons bien volontiers qu’aux premiers jours de son existence le gouvernement a dû, comme l’on pourrait dire, faire des frais extraordinaires d’installation ; mais ne sont-ils pas exagérés ? C’est ce qui ressort déjà des simplifications apportées au budget du ministère de l’intérieur, qui, de 26 millions les années précédentes, a été abaissé à 18 millions en 1872 ; mais par contre nous voyons le ministère de la justice, coûtant de 6, 7 à 9 millions jusqu’en 1871, s’élever brusquement en 1873 à 25 millions par suite d’une réforme radicale et de la création de nouvelles cours. — Le ministère de la guerre dépense encore plus de 22 millions pour le maintien de la milice nationale, les honveds, pour laquelle le patriotisme local a un culte persévérant. A côté des dépenses qu’on pourrait dire rémunératrices, — comme celles des postes, des télégraphes, des tabacs, — celles des domaines, des forêts et des mines atteignent des chiffres que ne compensent certainement pas les revenus correspondans, car chacun sait en quel état d’infériorité cette partie du domaine public est maintenue ; mais le chiffre le plus regrettable des dépenses est celui qui correspond à la construction et aux avances faites sous forme de