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additionnant les chiffres de la période écoulée de 1868 à 1872, le budget de la Cisleithanie, au lieu de ces déficits effrayans qui étaient la règle des exercices antérieurs, ne présente entre les dépenses et les recettes ordinaires qu’un écart de 76 millions ; mais, si l’on tient compte de l’amortissement des dettes au taux nominal, le déficit se change en un excédant de 92 millions environ, sans compter la part prise par l’état à la création de 800 kilomètres de chemins de fer par an, et le paiement des garanties d’intérêt, qui atteignent pour cette période plus de 100 millions ; or ces garanties payées constituent une avance, et la situation des chemins de fer dans cette partie de l’empire donne lieu d’espérer que le remboursement aura lieu plus tard.

Un trait particulier à la gestion financière du gouvernement cisleithan a été, pendant quelques années, la constitution d’une forte réserve du trésor. Dans tous les états, on a besoin d’un fonds de roulement destiné à subvenir aux dépenses prévues ou imprévues, sans attendre les rentrées successives et quelquefois retardées des impôts. La dette flottante sert le plus souvent à cet usage ; de là les variations qu’elle subit. En Autriche, la dette flottante, depuis 1866, n’a pas changé ; elle n’a pas été ramenée au-dessous de son maximum légal, puisque l’état, ne payant rien pour les 200 millions dus à la Banque, ni sur les billets d’état, qu’il substitue à ses billets hypothécaires, n’a pas intérêt à diminuer une ressource si peu coûteuse ; mais, ne pouvant dépasser la limite fixée, il a dû constituer un fonds de roulement pour les dépenses urgentes, dont l’histoire du passé a démontré si souvent la nécessité. La vente des domaines a tout d’abord fourni les premiers élémens d’une réserve pour les cas imprévus en même temps qu’elle avait l’avantage de mettre ces biens entre les mains de propriétaires plus habiles que l’état à en tirer parti. On a évalué un moment à 360 millions environ la réserve du trésor autrichien.

Ce dernier trait complète bien l’amélioration dont la solennité de l’exposition ouverte à Vienne devait être le symptôme éclatant, et dont elle a marqué le point d’arrêt. A partir de ce moment en effet, tout change, le déficit reparaît : on n’en connaît pas le chiffre pour 1874, dont les comptes ne sont pas encore réglés ; mais malgré le travail de la commission du Reichsrath, qui a un peu amendé le projet du gouvernement, le déficit prévu pour, 1875 dépasse 20 millions ; d’un autre côté, on voit disparaître la réserve, ou du moins, dans ses exposés de motifs, le ministre des finances n’en parle plus.

Quand éclata la crise de mai 1873, alors que la chute de tant de sociétés atteignait non-seulement un grand nombre de citoyens dans leur revenu, mais menaçait encore d’entraver l’industrie, de