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radicalisme, dont elle redoute le prochain avènement. C’est ainsi qu’aujourd’hui encore elle essaie de compléter par la loi en discussion le système des lois de liberté embrassant tous les degrés de l’enseignement.

On peut se souvenir que, sous le ministère dit libéral du 19 janvier 1870, parmi les commissions extra-parlementaires que le gouvernement impérial avait instituées figurait une commission présidée par M. Guizot, dont l’objet était l’établissement et l’organisation de l’enseignement supérieur libre. Des hommes éminens, sortis de tous les partis politiques, s’étaient réunis sous le drapeau de la liberté pour appliquer à cette grave question de l’enseignement supérieur les principes qu’ils n’avaient cessé de professer pendant toute leur vie de députés et de publicistes. Pour se faire une idée des études de cette commission, il suffit de dire qu’elle comptait parmi ses membres, outre son illustre président, des hommes comme MM. de Rémusat, Saint-Marc Girardin, Dubois, de Broglie, Laboulaye, Prévost-Paradol. Elle n’avait point à faire un projet de loi ; elle dut se borner à formuler des conclusions qui ne devaient pas pourtant rester à l’état de vœux stériles, car ces conclusions ont servi de base à la proposition de M. le comte Jaubert et de ses collègues. C’est cette proposition qui a provoqué le projet de loi soumis en ce moment aux délibérations de l’assemblée. Dans l’examen rapide de cette grande et difficile question, nous voudrions ne toucher qu’aux points capitaux qui ont dominé toute la discussion parlementaire, en laissant de côté les détails d’érudition historique et de règlement légal qui étendraient et compliqueraient outre mesure une étude faite à propos de cette brillante discussion. Ces points nous semblent pouvoir se réduire à cinq : la liberté de l’enseignement supérieur considérée dans son principe, — la distinction très importante des cours et des établissemens libres, — le système des garanties à exiger pour l’exercice de ce double droit, — la collation des grades réclamée pour une certaine catégorie d’établissemens libres, — enfin la nécessité de réformer l’enseignement supérieur de l’état devant la concurrence des facultés et des universités que la liberté de l’enseignement supérieur permettra de créer en dehors des écoles de l’état.


I

Le public qui s’intéresse aux graves et hautes questions d’instruction et d’éducation est encore sous l’impression du grand débat qui vient de se terminer au sein du parlement sur la liberté de l’enseignement supérieur. C’est M. Paul Bert qui a ouvert la